Sommaires de recherche
Pourquoi avoir effectué cette étude?
Les policiers sont régulièrement exposés à des situations dangereuses et stressantes, augmentant leur risque de développer le Trouble de stress post-traumatique (TSPT). Le TSPT est un trouble de santé mentale caractérisé par un ensemble de symptômes, y compris :
- des symptômes intrusifs comme des pensées récurrentes, des rêves bouleversants, et des flash-back;
- des symptômes d’évitement, comme éviter les lieux ou les pensées liés aux traumatismes;
- des changements négatifs aux pensées et à l’humeur comme l’incapacité de se souvenir de l’événement traumatisant ou la mauvaise humeur persistante; et
- des changements à la réactivité, comme l’hyper vigilance ou les troubles du sommeil.
Le TSPT est aussi associé à des changements aux habiletés cognitives comme l’attention, la mémoire de travail, et les fonctions exécutives. Cependant, peu de recherche a été effectuée auprès des policiers afin de déterminer quelles déficiences cognitives, le cas échéant, ils présentent lorsqu’ils reçoivent un diagnostic de TSPT.
La présente étude :
- a examiné les fonctions cognitives parmi les policiers atteints et non atteints de TSPT;
- a examiné l’importance clinique de la performance des agents souffrant de TSPT; et
- a étudié la relation entre les symptômes de TSPT et les fonctions cognitives.
Qu’est-ce que l’étude a accompli?
Les participants étaient tous agents de police francophones, actifs ou anciens, employés au Québec. Les 61 participants (31 participants atteints de TSPT ou de troubles liés à des traumatismes ou à des facteurs de stress; 30 participants ne présentant aucun trouble lié à des traumatismes) faisaient partie d’une étude plus large sur le traitement du TSPT. Les agents non atteints de troubles liés aux traumatismes (le groupe de contrôle) étaient du même âge et du même sexe que les membres du groupe atteints de TSPT. Chaque participant a subi une évaluation clinique, a répondu à des questionnaires d’autoévaluation, et a passé un ensemble de tests neuropsychologiques. Les chercheurs ont choisi les tests neuropsychologiques, afin d’évaluer six compétences cognitives, notamment :
- La vitesse du traitement cognitif;
- l’attention;
- les fonctions exécutives (incluant la capacité de prise de décision, d’autoréglementation, et la concentration);
- l’apprentissage verbal et la mémoire;
- la mémoire de travail; et
- l’accès lexical (la capacité d’associer un sens aux mots et aux noms).
Qu’a-t-on découvert?
Note : « signification » veut dire qu’un résultat ne peut pas être attribué par chance ou selon des facteurs aléatoires.
- En moyenne, les agents du groupe de contrôle ont mieux performé que ceux du groupe d’agents atteint de TSPT, sur tous les tests neuropsychologiques.
- Les membres du groupe atteint de TSPT ont obtenu des scores significativement plus faibles aux tests sur les fonctions exécutives, sur l’apprentissage verbal et sur la mémoire.
- Des scores plus faibles ont aussi été constatés chez les agents du groupe atteints de TSPT concernant la vitesse du traitement cognitif, l’attention, la mémoire de travail, sans toutefois atteindre le niveau d’importance clinique.
- Les membres du groupe atteints de TSPT qui ont éprouvé des symptômes plus intrusifs ont obtenu des scores considérablement plus faibles pour l’attention, la mémoire de travail, la vitesse du traitement cognitif, et les fonctions exécutives.
- Les membres du groupe atteints de TSPT qui ont éprouvé davantage de symptômes d’évitement ont obtenu des scores considérablement plus faibles pour la vitesse du traitement cognitif.
- Les membres du groupe atteints de TSPT qui ne travaillaient pas actuellement ont présenté des niveaux de performance considérablement plus faibles comparativement à ceux qui travaillaient. On a aussi constaté des différences, quoique non significatives, à l’attention et à la mémoire. Des scores élevés aux mesures sur la dépression semblent avoir contribué à ces résultats.
- Une seule personne parmi les membres du groupe atteints de TSPT a présenté une déficience fonctionnelle «cliniquement significative», alors que 52 % du groupe ont subi une déficience sur la moyenne de 1,5 subtest, et 48 % n’ont subi aucune déficience.
Quelles mesures prendre maintenant?
Les données recueillies dans cette étude ont montré qu’il semble y avoir une légère déficience cognitive dans plusieurs domaines, chez les agents atteints de TSPT. Toutefois, il est intéressant de noter que même si des différences importantes existaient entre le groupe de contrôle et le groupe atteint de TSPT, pour la plupart des agents atteints de TSPT la performance cognitive se situait dans la tranche normale. Il est probable que les agents de police opèrent habituellement à un niveau de fonctionnement plus élevé que la normale. Ce résultat souligne l’importance des évaluations neuropsychologiques en gestion clinique, puisque sans essais minutieux, des changements subtils pourraient passer inaperçus. Il est aussi important de noter que la présence de dépression en plus du TSPT a eu un impact cumulatif négatif sur la performance cognitive. Le TSPT ne peut pas être traité isolément; tous les facteurs doivent être compris et comptabilisés afin de fournir le meilleur traitement.
La formulation originale de cette étude a été modifiée et abrégée pour ce sommaire de recherche.
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Étude d’origine
Bisson Desrochers, A., Rouleau, I., Angehrn, A., Vasiliadis, H-M., Saumier, D., & Brunet, A. (2021). Trauma on duty: Cognitive functioning in police officers with and without post-traumatic stress disorder (PTSD). European Journal of Psychotraumatology, 12, 1959117. https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/20008198.2021.1959117
Sommaire préparé par E. Kossick, révisé et édité par B. Barootes et A. Brunet.
Note : Dans le texte, le genre masculin est utilisé au sens neutre et désigne les femmes autant que les hommes.