Sommaires de recherche
Pourquoi avoir effectué cette étude ?
C’est un fait bien connu que les membres du personnel de la sécurité publique (PSP) vivent des niveaux plus élevés de symptômes de santé mentale que la population générale. Cependant, on en sait moins sur l’impact du travail du PSP sur les familles du PSP. En raison des fonctions du PSP qu’exerce le membre de la famille, les familles du PSP peuvent vivre un traumatisme secondaire et faire face à des facteurs de stress particuliers.
L’analyse récente de la recherche publiée a examiné :
- Les différentes incidences sur la santé mentale et le bien-être chez les familles du PSP.
- La prévalence d’incidences négatives et positives sur la santé mentale et le bien-être des familles du PSP.
- Les expériences que vivent les familles du PSP concernant leur santé mentale et leur bien-être.
- Les risques et les facteurs de protection identifiés en matière de la santé mentale et du bien-être des familles du PSP.
Qu’est-ce que l’étude a accompli ?
Depuis 2000, on a examiné des études effectuées auprès des familles de membres du PSP des services de police et d’incendie, des services paramédicaux, du sauvetage en montagne, de la garde côtière, et des communicateurs de la sécurité publique. Les études faisant partie de cette analyse comportaient des études empiriques publiées dans des revues à comité de lecture. Bien que les chercheurs aient identifié près de 30 000 études en recherchant des bases de données, une fois les doubles éliminés, et les titres et les abstraits évalués, 170 articles ont été retenus ; de ceux-ci, 43 ont répondu aux critères d’inclusion complète de l’analyse. La plupart des documents examinés provenaient des États-Unis ; plus de la moitié (24) portaient sur des familles des corps policiers et du maintien de la loi. Les documents ont été étudiés pour en faire ressortir les thèmes communs.
Qu’a-t-on découvert ?
Les chercheurs ont identifié cinq thèmes :
- santé mentale et bien-être des conjoints ;
- relations de couple ;
- santé mentale et bien-être des enfants ;
- soutien et stratégie d’adaptation des familles ;
- incidences positives.
Santé mentale et bien-être des conjoints
- Plusieurs études (9) ont rapporté que les conjoints sentaient une énorme pression en raison de la nature du travail quotidien du PSP et de son impact sur la famille.
- Les conjoints aux États-Unis ont rapporté qu’ils se sentaient responsables de gérer la maisonnée et les enfants, se décrivant souvent comme « monoparental ».
- La recherche aux États-Unis et au Canada a démontré que les conjoints étaient préoccupés par le danger lié aux fonctions de leurs partenaires.
- Les études qui ont évalué la santé mentale ont montré que 14 % des conjoints rapportaient un potentiel trouble de stress post-traumatique (TSPT), et des données qualitatives indiquaient, parmi les conjoints de policiers, le syndrome de traumatisme secondaire (STS).
Relations de couple
- Les études qui ont examiné le divorce étaient mitigées : les études sur les policiers indiquant des taux de divorce plus faibles que la population générale, mais un peu plus élevés que ceux des pompiers.
- De nombreuses études (13) ont découvert un lien entre la qualité des communications, l’expérience de la relation vécue entre le conjoint et le membre du PSP, et les impacts sur le bien-être des conjoints du PSP.
- Le repli sur soi de l’une ou l’autre des parties s’est avéré avoir un impact sur le bien-être du conjoint, et augmenter négativement les tensions conjugales.
- Les raisons fréquentes associées au repli de soi étaient :
- les comportements associés au TSPT ou au STS ;
- les conjoints qui se protègent mutuellement des expériences difficiles ;
- les comportements acquis par le PSP dans l’exercice de leurs fonctions (p. ex., le détachement) ;
- l’impact du stress lié au travail par quarts.
- Plusieurs études (8) ont montré que les conjoints du PSP réprimaient leurs besoins émotionnels, évitaient les conflits, et compensaient émotivement dans leurs relations pour contrebalancer le stress élevé ou les problèmes de santé mentale de leurs partenaires. Dans certaines études, ce comportement entraînait le repli sur soi des conjoints, et avait des répercussions défavorables sur le bien-être.
- Dans 10 études centrées sur les corps policiers aux États-Unis, 7,4 % à 10 % ont déclaré montrer de l’agression physique envers leur conjoint, et 8,1 % à 8,9 % ont déclaré montrer de l’agression physique envers leurs enfants.
Santé mentale et bien-être des enfants ;
- Les enfants dont les parents avaient été impliqués dans un incident critique (p. ex., les attaques sur le World Trade Center, l’attaque à la bombe lors du marathon de Boston) présentaient des niveaux plus élevés de TSPT ainsi que de problèmes de comportement.
- Les études portant sur les enfants de policiers des États-Unis démontraient la surprotection par les parents, l’intimidation à propos du travail de leurs parents, et l’inquiétude concernant leurs parents policiers. Tous ces facteurs avaient un impact sur le bien-être des enfants.
Soutien et stratégie d’adaptation des familles
- Des études effectuées en Australie, aux États-Unis, et au Canada rapportent peu, ou pas, de soutien organisationnel ou gouvernemental offert aux familles.
- Cinq études mettaient en lumière le rôle essentiel du soutien informel pour les familles.
Incidences positives
- Plusieurs études (9) ont examiné les aspects positifs du bien-être des familles du PSP, notamment :
- la fierté des conjoints et des enfants du PSP d’être une famille d’intervenants qui a un impact sur la collectivité ;
- des parents protecteurs qui sécurisent les enfants, et des parents qui sont une ressource concernant ce qui est bien et légal ;
- des familles de policiers qui jouissent d’une sécurité financière et bénéficient de bonnes prestations de santé ;
- des familles qui sont très résilientes et adoptent des stratégies d’adaptation variées.
Quelles mesures prendre maintenant ?
Cette analyse était limitée par la recherche accessible, souvent centrée sur le PSP et non directement sur leurs familles. Cependant, l’étude apporte certaines preuves des impacts négatifs liés au travail des membres du PSP sur leurs familles. Davantage de recherche est nécessaire, particulièrement la recherche qui examine directement les familles. Une telle analyse pourrait servir à développer des interventions gouvernementales, organisationnelles, et personnelles afin de soutenir les familles.
La formulation originale de cette étude a été modifiée et abrégée pour ce sommaire de recherche.
Étude d’origine :
Sharp, M-L., Solomon, N., Harrison, V., Gribble, R., Cramm, H., Pike, G., & Fear, N.T. (2022). The mental health and well-being of spouses, partners and children of emergency responders: A systematic review. PLoS ONE , 17(6). https://doi.org/10.1371/journal.pone.0269659
Sommaire rédigé par E. Kossick, révisé et édité par B. Barootes et Sharp, M-L.
Note : Dans le texte, le genre masculin est utilisé au sens neutre et désigne les femmes autant que les hommes