Sommaires de recherche
Pourquoi avoir effectué cette étude ?
Environ 50 % des agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) obtiennent un test positif pour un, ou plus d’un, trouble de santé mentale, un taux beaucoup plus élevé que celui de la prévalence diagnostique dans la population générale (10 %).
Depuis longtemps, certaines notions concernant la santé mentale du personnel de la sécurité publique suggèrent que les problèmes de santé mentale pourraient s’expliquer par des vulnérabilités individuelles, et que ces vulnérabilités devraient être dépistées avant le service. La présente étude représente la première tentative visant à évaluer si les cadets de la GRC font face à un risque inhérent plus élevé de développer des problèmes de santé mentale. Lorsque comparés aux scores de jeunes populations adultes, les scores en risque présumé et en résilience, des facteurs soupçonnés de contribuer à, ou de protéger contre, un risque élevé de problèmes de santé mentale fournissent des données qui peuvent aider à déterminer si les problèmes de santé mentale sont causés par des vulnérabilités individuelles ou par la nature du travail policier.
Qu’est-ce que l’étude a accompli ?
La présente étude s’appuie sur les données d’une plus grande étude de la GRC sur 10 ans, conçue pour développer, déployer, et évaluer l’impact des compétences enseignées afin de mieux protéger les membres contre les blessures de stress post-traumatique (BSPT). Vous pouvez consulter le sommaire de recherche du protocole de l’étude déjà publié ici.
Dans le cadre de l’étude en cours, 772 cadets qui entamaient le Programme de formation des cadets (PFC) de la GRC ont répondu à des autoévaluations portant sur six variables de risque présumé, soit : la sensibilité à l’anxiété, la peur d’évaluation négative, la douleur liée à l’anxiété, la sensibilité aux maladies et aux blessures, l’intolérance de l’incertitude, l’état de colère, ainsi que la résilience. Ces données ont été statistiquement comparées à des échantillons de jeunes populations adultes, canadiennes, américaines, australiennes, et européennes. Les échantillons internationaux ont été utilisés lorsqu’aucun résultat publié canadien n’était accessible. Parce que les cadets participants étaient généralement dans la vingtaine, célibataires, et possédaient un faible niveau d’éducation postsecondaire, de jeunes populations adultes ont été utilisées à des fins de comparaison. L’étude évalue aussi les différences en risque et en résilience parmi les cadets eux-mêmes, dans les différentes catégories sociodémographiques comme le sexe, le genre, l’état matrimonial, l’âge, la province de résidence, l’expérience antérieure en sécurité publique, et l’éducation.
Qu’a-t-on découvert ?
Les résultats de l’étude indiquent que les cadets ont obtenu des scores plus faibles sur toutes les variables de risque présumé, et des scores plus élevés en résilience, comparativement aux jeunes populations adultes. Chez les cadets, on a remarqué des différences dans les variables de risque présumé et de résilience, entre les catégories de sexe et de genre.
Quelles mesures prendre maintenant ?
Les premières données ainsi obtenues permettront d’effectuer davantage de recherche, en comparant les variables sociodémographiques, le risque et la résilience chez les cadets, ainsi qu’en évaluant les changements attribuables à la formation et au service.
Les résultats actuels s’opposent à la notion que la prévalence plus élevée de problèmes de santé mentale chez les agents actifs de la GRC serait liée à une sensibilité psychologique inhérente, qui peut être dépistée lors du recrutement. Tout au contraire, les cadets de la GRC semblent être particulièrement résilients sur le plan psychologique, et moins susceptibles de développer des problèmes de santé mentale que la population générale. La prévalence considérablement élevée de troubles de santé mentale parmi les membres actifs de la GRC pourrait donc être associée aux expositions fréquentes à des événements potentiellement traumatisants sur le plan psychologique et à d’autres facteurs de stress. Par conséquent, les résultats actuels n’appuient pas la nécessité d’améliorer le dépistage lors du recrutement en ce qui concerne les variables de risque psychologique et de résilience. Les résultats actuels suggèrent plutôt que la formation, l’évaluation, et les traitements, fondés sur des données probantes, ainsi que les soutiens organisationnels courants, pourraient être nécessaires pour protéger la santé mentale des agents de la GRC, tout au long de leur carrière.
Les résultats actuels permettent de continuer à avancer le tout premier Plan national d’action relatif aux Blessures de stress post-traumatique au Canada, y compris un investissement supplémentaire pour soutenir la santé et le bien-être des membres du personnel de la sécurité publique.
L’Étude de la GRC est financée par la GRC, le gouvernement du Canada, et le ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile. T. O. Afifi est titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les traumatismes de l’enfance et la résilience. H. Stewart est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en dépendances et santé mentale. Le développement, les analyses et la diffusion du présent article ont été rendus possibles grâce à une généreuse subvention très appréciée de la Fondation Medavie.
La formulation originale de cette étude a été modifiée et abrégée pour ce sommaire de recherche.
Consultez l’étude complète ici
Étude d’origine :
Khoury, J. M. B., Jamshidi, L., Shields, R. E., Nisbet, J., Afifi, T. O., Fletcher, A. J., Stewart, S. H., Asmundson, G. J. G., Sauer-Zavala. S., Krätzig, G. P., and Carleton, R. N. (2023) Putative risk and resiliency factors among Royal Canadian Mounted Police cadets. Front. Psychol. 14:1048573. doi : 10.3389/fpsyg.2023.1048573.
Rédigé par K. Vincent
Note : Dans le texte, le genre masculin est utilisé au sens neutre et désigne les femmes autant que les hommes.