Sommaires de recherche
Pourquoi avoir effectué cette étude?
Au cours des dernières années, les chercheurs et les dirigeants en sécurité publique au Canada ont fait un effort important dans le but de comprendre les répercussions psychologiques du stress et des traumatismes sur le personnel de la sécurité publique (PSP). La recherche a mené à ce que les chercheurs croient être un meilleur accès aux ressources et aux traitements pour les membres du PSP qui font face à des problèmes de santé mentale. Cependant, la recherche montre aussi qu’il semble encore avoir des barrières lorsqu’il s’agit de demander de l’aide parmi le PSP, comme les policiers et les communicateurs de la sécurité publique.
Comprendre la culture de la police pourrait être un élément essentiel afin de faire tomber les barrières qui existent encore. Il est possible qu’une forme de « pensée de groupe » ait contribué au faible recours aux services offerts en santé mentale. La pensée de groupe naît d’un désir d’harmonie et de conformité au sein d’un groupe, et peut mener à croire l’invulnérabilité du groupe, à rejeter les critiques de personnes en dehors du groupe, et à croire au code moral de prise de décisions du groupe.
Dans cette étude, les chercheurs ont examiné des processus de groupe qui pourraient encourager la stigmatisation liée aux problèmes de santé mentale et la possibilité qu’exprimer son soutien envers les membres qui demandent de l’aide aille peut-être à l’encontre des normes de la culture du PSP.
Qu’est-ce que l’étude a accompli?
Neuf groupes de discussion (et une entrevue) ont été formés comportant 3 à 6 participants. Toutes les discussions ont été enregistrées, et, aux fins de l’étude, les transcriptions des séances ont été analysées. Les participants représentaient deux types distincts : des communicateurs de la sécurité publique, ainsi que des agents de police. Tous les participants provenaient d’un service de police municipale de l’Ontario, et toutes les entrevues de groupe ont été effectuées sur le terrain, durant les heures de travail. Un total de 33 membres du personnel y ont participé (8 civils, 25 agents).
Qu’a-t-on découvert?
- Trois caractéristiques liées à la pensée de groupe sont ressorties des discussions. Ceci appuie l’idée que la pensée de groupe pourrait influencer le personnel policier.
- Il était évident d’après les groupes distincts de civils et de policiers qu’ils avaient tous deux créé leur propre « intragroupe ».
- Plusieurs participants ont rapporté qu’à cause de la nature de leur travail (traumatisme potentiel, stress, et travail par quart), plusieurs de leurs relations étaient aussi des personnes faisant partie du service de police.
- Les participants considéraient les membres du service des normes professionnelles et les membres de la direction comme étant un groupe séparé ou « hors groupe ».
- Les participants ont indiqué qu’ils étaient préoccupés de la façon dont les autres membres du groupe les percevraient, s’ils avaient besoin d’aide en santé mentale. Ils ont aussi exprimé avoir peur de n’avoir aucune chance d’avancement ou d’obtenir de promotion, si leur santé mentale était compromise.
- Dans les groupes, les membres avec davantage de séniorité parlaient généralement en premier, et parlaient plus souvent. La tendance était aussi que d’autres membres du groupe appuient leurs commentaires.
- Les participants ayant + de 5 ans d’expérience ont fait la majorité des commentaires dans les groupes de discussion.
Quelles mesures prendre maintenant?
La nature des organisations paramilitaires, comme celle des services de police, est particulière. Si des études futures soutiennent l’idée que la pensée de groupe est un facteur dans les organisations policières, on devra en tenir compte dans la conception des infrastructures et des services en santé mentale. Afin de faciliter l’élaboration des programmes que les membres des services de police utiliseront, il sera nécessaire pour les personnes en position d’autorité de s’abstenir de diriger selon leurs opinions, mais plutôt d’encourager un débat ouvert pour que les membres du groupe ne se sentent pas obliger de se conformer à la position d’un supérieur. Pour faire tomber les barrières à la demande d’aide, il est essentiel que les prestataires de traitements comprennent bien la culture du milieu de leurs patients.
La formulation d’origine de cette étude a été modifiée et abrégée pour ce sommaire de recherche.
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Étude d’origine :
Ricciardelli, R., Czarnuch, S. M., Kozmochka, N. & Martin, K. (2021). “I’m not sick! … Are you?” Groupthink in police services as a barrier to collecting mental health data. International Journal of Police Science & Management https://doi.org/10.1177%2F14613557211008473
Sommaire rédigé par E. Kossick, révisé et édité par B. Barootes et Ricciardelli, R.
Note : Dans le texte, le genre masculin est utilisé au sens neutre et désigne les femmes autant que les hommes.