Sommaires de recherche
Pourquoi avoir effectué cette étude?
Les agents correctionnels sont régulièrement exposés à des situations dangereuses et stressantes. Les agents correctionnels (AC), en particulier, font face à un risque élevé de développer des symptômes associés au trouble de stress post-traumatique, au trouble dépressif caractérisé, ou à d’autres troubles de santé mentale. Au cours des dernières années, la santé mentale des AC suscite des inquiétudes. Les organisations ont commencé à intégrer davantage de formation afin de soutenir la santé mentale. Service correctionnel Canada, utilise le programme de psychoéducation Advanced Mental Strength and Conditioning program (AMStrength), à des fins de formation. Ce programme est d’abord offert au cours de la formation correctionnelle et présenté en sept séances de deux heures chacune. Le programme enseigne des moyens de prendre conscience de son état de santé mentale, à l’aide des niveaux verts, jaunes et rouges du continuum de la santé mentale. On encourage aussi l’utilisation de stratégies comme «vérifier son pouls» afin de gérer la santé mentale et le stress.
Peu de recherche a été effectuée sur les programmes et les stratégies offerts en soutien de la santé mentale pour les AC. L’objectif de la présente étude est de déterminer comment ces derniers perçoivent la formation AMStrength.
Qu’est-ce que l’étude a accompli?
Les chercheurs ont passé des entrevues, entre octobre 2019 et mai 2021, auprès de 70 agents de correction employés dans 19 des 43 pénitenciers fédéraux du Canada. Tous les AC avaient terminé leur formation, et étaient en poste depuis au moins un an. Les entrevues faisaient partie d’une étude pluriannuelle à plus grande échelle, et les questions examinées ici étaient concentrées sur l’utilisation et les opinions des AC, concernant le programme de formation AMStrength.
Qu’a-t-on découvert?
- Tous les participants se souvenaient d’avoir fait l’apprentissage d’AMStrength durant leur formation, mais seulement 18,8 % ont déclaré appliquer l’enseignement dans leur vie professionnelle.
- La plupart des utilisateurs d’AMStrength (50 %) font confiance à des activités de pleine conscience pour améliorer leur santé mentale. Un autre 20 % utilise l’exercice physique comme stratégie.
- Parmi ceux qui n’utilisaient pas AMStrength, 36,6 % comptaient sur des informations provenant de coéquipiers, des activités de pleine conscience (24,4 %) et l’exercice physique (22 %) pour les aider à soutenir leur santé mentale.
- La très grande majorité des participants ne voyait aucune utilité à la formation AMStrength. Plusieurs ont souvent employé un ton méprisant et insultant en parlant du programme. Quelques-uns ont qualifié le programme de «farce».
- Cette attitude se perpétuait lorsqu’on demandait aux AC s’ils «vérifiaient leur pouls».
- Certains avaient l’impression que le programme de formation AMStrength n’était qu’une réponse politique à la pression faite par le gouvernement fédéral concernant l’amélioration de la santé mentale des AC.
- Les participants trouvaient que le programme ne répondait pas à leurs besoins, ou qu’il était difficile à appliquer en milieu correctionnel.
- La plupart des participants se concentraient sur leurs stratégies personnelles afin d’aider leur santé mentale. Certaines stratégies personnelles étaient semblables à celles du programme AMStrength, mais adaptées à leurs besoins.
- L’important, c’est que la majorité des AC sentaient que la formation AMStrength donnait l’occasion d’entamer une discussion sur la santé mentale et d’augmenter la sensibilisation en matière de santé mentale.
- Les participants ont souligné l’importance des soutiens organisationnels en santé mentale, ainsi que le changement notable parmi la plus jeune génération d’agents correctionnels concernant l’impact de la santé mentale. Cependant, les participants ont de nouveau rapporté la stigmatisation comme étant un enjeu lorsqu’il s’agit de décider de demander du soutien en santé mentale.
- Les AC recommandent d’améliorer le programme afin de le rendre plus pertinent aux réalités du travail en milieu correctionnel. Ils ont aussi suggéré un format qui serait «moins plat» et qui comporterait davantage d’exemples pratiques.
Quelles mesures prendre maintenant?
Bien qu’elle ne soit pas très populaire, la formation AMStrength semble remplir sa mission visant à promouvoir la sensibilisation à la santé mentale. Quoique les participants aient largement rejeté le programme de formation, ils ont tout de même reconnu le besoin pour des soins de santé mentale. Les formations comme AMStrength doivent être flexibles et répondre aux besoins de ceux qui les suivent. Même si des compétences comme la méditation et la «vérification du pouls» peuvent être bénéfiques, elles ne sont pas pratiques à utiliser en milieu correctionnel, particulièrement durant un incident qui demande la désescalade de la situation. Les chercheurs doivent continuer d’examiner l’efficacité des programmes comme la formation AMStrength et de développer des interventions en soutien personnalisées pour chacun des secteurs du PSP.
La formulation d’origine de cette étude a été modifiée et abrégée pour ce sommaire de recherche.
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Étude d’origine :
Ricciardelli, R., Siqueira Cassiano, M., Adorjan, M., & Mitchel, M.M. (2021). AMStrength program in Canadian federal correctional services: Correctional officers’ views and interpretations. Criminal Justice Studies. https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/1478601X.2021.1997277
Sommaire rédigé par E. Kossick, révisé et édité par : B. Barootes et Ricciardelli, R.
Note : Dans le texte, le genre masculin est utilisé au sens neutre et désigne les femmes autant que les hommes.