Sommaires de recherche
Pourquoi avoir effectué cette recherche?
Comme tous les membres du PSP, dans l’exercice de leurs fonctions les agents de police sont exposés à plus d’événements possiblement traumatisants que la population générale. De plus, ils travaillent dans un environnement où le niveau de stress professionnel est plus élevé. Ces facteurs peuvent entraîner une augmentation des problèmes de santé mentale.
La culture du milieu policier favorise aussi une image de robustesse, de courage, de bravoure, et de force mentale. Cette attitude pourrait entraîner de la stigmatisation ou susciter un malaise chez les membres qui cherchent du soutien en santé mentale.
Les objectifs de l’étude en cours sont :
- Explorer les facteurs qui aident et nuisent à la décision des agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) d’accéder à des services psychologiques;
- Déterminer les obstacles à trouver de l’aide;
- Partager les recommandations ou les changements souhaités qui pourraient faciliter la recherche d’aide du point de vue des officiers.
Qu’est-ce que l’étude a accompli?
On a recruté des agents de la GRC de la région de la vallée du bas Fraser en Colombie-Britannique via courriel interne. À l’aide de la méthode des incidents critiques améliorée, on a ensuite interviewé vingt agents (12 hommes, 8 femmes), qui avaient accédés ou avaient envisagé accéder à du soutien psychologique. Tous les participants interviewés étaient prêts à discuter librement des raisons pour lesquelles ils avaient décidé d’accéder ou de ne pas accéder aux services. Les entrevues ont été enregistrées et complémentées par des notes d’observation afin de trouver des incidents qui auraient aidé ou nuit à demander de l’aide. Les entrevues ont aussi été examinées afin d’établir les éléments pour une liste souhaits (tout ce que les officiers auraient souhaité avoir qui les aurait aidés à trouver des soins).
Qu’a-t-on découvert?
- Basés sur les entrevues, 676 incidents ont été retenus; 264 ont été classés comme utiles, 258 comme nuisibles, et 154 éléments ont été fournis sur la liste de souhaits. Les incidents ont été classés en 32 catégories (14 utiles, 13 nuisibles, et 5 souhaits).
- Les catégories utiles et nuisibles se chevauchaient à plusieurs endroits. Par exemple, un débreffage d’incident critique bien géré pourrait être utile, alors que les débreffages mal gérés étaient nuisibles. Les trois catégories d’incidents utiles les plus importantes étaient :
- L’influence d’un tiers à chercher de l’aide. Lorsque la personne qui suggérait à l’officier de demander de l’aide était une personne de confiance et respectée, les policiers étaient plus susceptibles de demander de l’aide.
- La capacité de parler de la vie, la conscience de soi, le désir de changer. Les agents qui avaient plus de connaissances en santé mentale ou qui étaient conscients qu’ils avaient des problèmes étaient plus susceptibles de chercher de l’aide.
- Psychologue. Un agent qui avait vécu une expérience positive avec un psychologue serait plus susceptible de chercher à nouveau l’aide d’un psychologue.
- Les trois catégories d’incidents nuisibles les plus importantes étaient :
- La culture de la GRC. La culture du « encaisse et chiale pas » ou de devoir être fort en milieu policier, combiné avec la préoccupation de se voir refuser une promotion, empêchent les agents de demander de l’aide.
- Le manque de compréhension de l’impact du travail policier sur la santé mentale. Les agents ne comprenaient pas comment les traumatismes qu’ils vivaient au travail pourraient affecter leur santé mentale.
- Des superviseurs ou des collègues qui ne soutiennent pas. Les agents vivaient des incidents critiques lors desquels ils ne sentaient pas que leurs superviseurs ou leurs collègues appuyaient leur santé mentale, et ont donc choisi de ne pas demander d’aide parce qu’ils auraient l’air « faibles ».
- Les cinq recommandations sur la liste de souhaits étaient : de changer les procédures organisationnelles; de promouvoir l’importance de prendre soin de son état de bien-être psychologique et social et mettre en pratique la gestion du stress lié aux incidents critiques; informer sur les services et les programmes de prestations psychologiques; assurer une supervision adéquate; et éduquer sur la santé mentale et la réaction psychologique liées au travail policier.
Quelles mesures prendre maintenant?
Les informations détaillées fournies par ce petit groupe d’agents de la GRC nous donnent une vitrine sur les comportements de recherche d’aide et les incidents qui peuvent encourager la demande d’aide vs les expériences qui nuisent à trouver de l’aide. Bien qu’il soit difficile de généraliser à partir d’un si petit échantillon, la recherche antérieure appuie plusieurs des conclusions de l’étude. Les éléments de la liste de souhaits fournis par les agents servent de point de départ pour trouver des moyens afin d’améliorer le comportement de demande d’aide. Les organisations doivent offrir des occasions d’éducation en santé mentale, du soutien, et engager des discussions ouvertes concernant la santé mentale, qui respecteront la vie privée des agents et n’auront aucune incidence sur l’avenir de leur carrière. Il est aussi crucial que les professionnels en santé mentale qui travaillent auprès des services policiers comprennent la culture et les responsabilités liées au travail en milieu policier.
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La formulation d’origine de cette étude a été modifiée et abrégée pour ce sommaire de recherche.
Étude d’origine :
Burns, C. M. & Buchanan, M. J. (2020). Factors that influence the decisions to seek help in a police population. International Journal of Environmental Research and Public Health, 17, 6891. https://www.mdpi.com/1660-4601/17/18/6891
Sommaire préparé par Kossick, E. et révisé par Burns, C.M.
Note : Dans le texte, le genre masculin est utilisé au sens neutre et désigne les femmes autant que les hommes.