Améliorer la santé mentale du personnel correctionnel

Pourquoi avoir effectué cette étude?

La recherche a démontré que les responsabilités de travail du personnel correctionnel ont des répercussions sur leur santé mentale et leur bien-être. Certaines complications peuvent être causées par l’exposition à des événements potentiellement traumatisants sur le plan psychologique (ÉPTP). La recherche démontre tout de même que le personnel correctionnel éprouve des difficultés de conciliation famille-travail comme le stress lié aux heures de travail (travail par quarts), aux changements liés aux rôles (changement entre le travail et la maison), et à la pression (fatigue émotionnelle). Lorsqu’ils s’ajoutent aux facteurs de stress organisationnel, les dilemmes travail-famille ont définitivement des répercussions sur la santé mentale et le bien-être.

Au cours des dernières années, les programmes et les soutiens en santé mentale ont augmenté, mais les barrières structurelles y compris la stigmatisation, la pénurie de personnel, la capacité limitée en ressources humaines, les horaires de travail réguliers, la difficulté à identifier les enjeux en santé mentale, et les lacunes en intervention ont ralenti les progrès de l’état de santé mentale du personnel correctionnel.

Quoique la recherche ait augmenté dans le domaine correctionnel, on porte peu d’attention aux expériences et aux interprétations des travailleurs en milieu correctionnel. Dans cette étude, les auteurs ont voulu recueillir le point de vue du personnel correctionnel concernant des solutions précises, directes et pratiques aux points faibles en milieu correctionnel.

Qu’est-ce que l’étude a accompli?

Les chercheurs ont recueilli des données à l’aide d’un sondage d’autoévaluation auprès de membres du personnel correctionnel provincial et territorial avant la pandémie de la COVID-19 (2018-2019). Dans la présente étude, les auteurs ont examiné les réponses à la question : « Veuillez préciser quels changements dans votre milieu de travail actuel pourraient avoir un impact positif sur votre santé mentale. » L’équipe de recherche a analysé les réponses de 870 membres du personnel correctionnel, leur attribuant un code afin de déterminer les thèmes clés.

Qu’a-t-on découvert?

Les membres du personnel correctionnel ont déterminé quatre domaines où des changements pourraient améliorer leur santé mentale :

• Élargir les ressources en santé mentale :
  1. donner l’accès à des traitements sur place, par exemple, en ayant un psychologue à temps plein sur les lieux ;
  2. donner l’accès à des professionnels spécialisés dans le traitement des Blessures de stress opérationnel (BS0);
  3. répondre au besoin d’un volet en santé mentale clair et précis lors d’une réponse à un incident critique;
  4. offrir des services continus et complets (plutôt qu’épisodiques et réactifs, comme on offre en ce moment);
  5. revoir les plafonds aux services qui sont un obstacle.
• Changer les structures et les horaires de travail :
  1. Faire moins de rotation entre les quarts de jour et de nuit;
  2. planifier des échéanciers réalistes pour permettre au personnel à temps partiel de devenir à temps plein, et profiter des avantages sociaux et d’un horaire prévisible;
  3. donner du temps pour gérer les besoins et les urgences de santé et de bien-être, dans la famille;
  4. instaurer des journées de congé pour des raisons de santé mentale;
  5. traiter le besoin d’un congé pour des raisons de santé mentale de la même manière qu’un congé pour une blessure physique, afin de limiter la stigmatisation et aider les membres du personnel à prendre soin de leur santé mentale.
• Encourager des relations positives avec la direction et la solidarité parmi le personnel :
  1. les agents correctionnels ont eu l’impression que la direction ne reconnaissait pas ou ne comprenait pas leurs préoccupations;
  2. ils ont senti que la direction pourrait être plus présente dans les situations de travail de première ligne afin d’aider à créer une équipe plus solide;
  3. promouvoir les politiques de la porte ouverte qui permettent au personnel de partager librement leurs préoccupations avec les superviseurs;
  4. les agents correctionnels ont indiqué qu’on peut faire mieux en ce qui concerne l’attitude entre co-équipiers, entre autres, avec plus de gentillesse, moins d’interactions négatives, et la promotion de la résolution de conflits;
  5. le personnel a indiqué que les organisations pourraient favoriser les bonnes relations de travail en assurant la continuité et le contrôle sur les partenaires de travail. Ils ont aussi suggéré du mentorat par les pairs (jumelé un nouvel employé avec un membre d’expérience).
• Améliorer l’environnement physique :
  1. ajouter ou améliorer des espaces prévus afin de promouvoir les activités pour la santé mentale et le bien-être en milieu de travail. Ces espaces pourraient inclure des salles de repos, des salles de sports, et des cuisines permettant une saine alimentation.

Quelles mesures prendre maintenant?

La recherche a montré que le soutien organisationnel peut réduire l’impact négatif sur la santé mentale lié au milieu de travail. La rétroaction des agents correctionnels souligne les aspects problématiques et propose des idées afin d’améliorer leur santé mentale et leur bien-être. Transférer le sens de responsabilité de l’individu à l’organisation en matière de santé mentale demeure un défi. Les changements suggérés permettraient de mieux aborder l’enjeu grandissant que représente la santé mentale du personnel correctionnel.

La formulation d’origine de cette étude a été modifiée et abrégée pour ce sommaire de recherche.

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Étude d’origine :

Johnston, M/S, Ricciardelli, R. & McKendy, L. (2022). Improving the mental health of correctional workers: Perspectives from the field. Criminal Justice and Behavior. https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/00938548221081468

Sommaire rédigé par E. Kossick, révisé et édité par B. Barootes et Ricciardelli, R.

Note : Dans le texte, le genre masculin est utilisé au sens neutre et désigne les femmes autant que les hommes.

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