Adhésion à une intervention en premiers soins psychologiques au sein d’une organisation des SGU.

Pourquoi avoir effectué cette étude?

Le personnel des Services de gestion des urgences (SGU) présente des taux plus élevés de TSPT, de dépression, d’anxiété, et de détresse psychologique, que la population générale. Plusieurs programmes ont été développés comme interventions précoces en cas de traumatismes, mais les SGU n’utilisent pas de programme standard normalisé.

Le programme Premiers secours psychologiques peut servir d’intervention précoce menée par des pairs et conçue afin de réduire la détresse au début, et de promouvoir des stratégies d’adaptation à court et à long terme. Cependant, aucune étude n’a été effectuée pour évaluer l’efficacité du programme auprès des organisations de la sécurité publique. De plus, les études portant sur la mise en œuvre et l’adhésion aux programmes sont rares. L’adhésion suppose que, lorsqu’ils s’impliquent au programme Premiers secours psychologiques à la suite d’un incident traumatique, les pairs aidants des SGU ainsi que les bénéficiaires du programme suivent les recommandations de l’organisation.

La présente étude, menée auprès des membres d’une organisation qui a récemment instauré le programme, vise à cerner les facteurs qui influencent la participation des pairs aidants et des bénéficiaires. La participation a été évaluée du point de vue des pairs aidants.

Qu’est-ce que l’étude a accompli?

Les chercheurs ont interviewé 11 pairs aidants d’Urgence-Santé (37 % des pairs membres de l’organisation), une importante organisation en SGU au Québec. Chaque pair aidant était membre actif du personnel des SGU et avait suivi une formation de 14 heures, donnée par un psychologue employé par l’organisation. Les chercheurs ont effectué toutes les entrevues semi-structurées un an après la mise en œuvre du programme, auprès des pairs aidants qui avaient effectué au moins 3 interventions basées sur le programme Premiers secours psychologiques.

Qu’a-t-on découvert?

Les entrevues ont fait ressortir quatre principaux thèmes en ce qui concerne l’adhésion :

• Les points de vue et les attitudes à propos du programme Premiers secours psychologiques
  1. Les pairs aidants ont tous décrit avoir une opinion positive du programme (p. ex., simple et facile à donner et bien adapté aux besoins du personnel des SGU).
  2. La plupart des pairs aidants ont pris soin de suivre les directives données pour l’intervention en Premiers secours psychologiques. Toutefois, certains ont rapporté avoir assoupli les directives, ce qui leur a permis de s’approprier l’intervention.
  3. Les aidants ont indiqué que la plupart des bénéficiaires avaient une opinion positive du programme. Cependant, ils ont aussi rapporté certaines opinions négatives causées par des préoccupations au sujet de l’implication de l’organisation, et de violations de confidentialité potentielles.
• Les répercussions perçues du programme Premiers secours psychologiques
  1. La plupart des pairs aidants ont rapporté que leur participation au programme entraînait une charge de travail supplémentaire et empiétait sur leur vie personnelle.
  2. Certains pairs aidants ont souffert de surmenage à la suite de la distribution inégale de la charge de travail liée au programme.
  3. Plusieurs aidants croyaient que la formation de premiers secours avait une influence positive sur leur façon d’interagir avec leurs co-équipiers et leurs patients, leur permettant de cibler davantage la prévention.
  4. Certains participants ont indiqué que le programme avait diminué la stigmatisation et avait permis aux travailleurs d’être plus à l’aise de demander de l’aide en santé mentale.
• L’appui et le soutien de l’organisation sont essentiels au Programme de premiers secours psychologiques
  1. Les participants ont mentionné que leur rôle de pair aidant mériterait une reconnaissance symbolique (changement du titre de l’emploi) ou financière.
  2. Les participants apprécient le soutien clinique, mais certains aimeraient voir une supervision et une rétroaction plus régulières sur l’impact de leurs interventions.
  3. La majorité des aidants ont exprimé la volonté de maintenir et même de développer, leurs compétences comme pairs aidants du Programme de premiers secours psychologiques.
  4. Les participants ont souligné l’importance pour l’organisation de faire du programme une priorité. Cependant, certains ont remarqué qu’en s’ingérant, les gestionnaires avaient nui, rendant l’offre du programme difficile par moments.
• Le programme correspond à la culture des SGU
  1. La grande majorité des participants croyaient que le programme était pertinent et compatible avec la culture des SGU.
  2. Certains ont trouvé que leur rôle de pair aidant s’opposait à leur rôle d’assistant médical d’urgence : par exemple, lorsqu’un coéquipier manifeste une réaction physique à un traumatisme, mais refuse de l’aide.
  3. Certains ont indiqué que les réactions antérieures de l’organisation face à la détresse des employés avaient empêché certains coéquipiers de participer au Programme de premiers secours psychologiques, à cause de la rancœur et du manque de confiance suscités envers l’organisation.

Quelles mesures prendre maintenant?

Pour qu’une fois mise en œuvre, une intervention comme le Programme de premiers secours soit durable, les intervenants impliqués doivent maintenir leur participation à long terme. Cette étude donne un aperçu de la perception qu’ont les pairs aidants, un an après la mise en œuvre du programme. Elle suggère quelques moyens d’encourager la participation : reconnaître les pairs aidants, soutenir continuellement l’organisation, et apporter une rétroaction régulière concernant l’impact et les résultats du programme. La mise en œuvre ne devrait pas être l’étape finale de l’offre d’une intervention en santé mentale. Les organisations doivent plutôt avoir la volonté d’améliorer le programme avec le temps, afin d’augmenter l’adhésion et la participation de tous les intervenants.

La formulation d’origine de cette étude a été modifiée et abrégée pour ce sommaire de recherche.

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Étude d’origine :

Tessier, M., Lamothe, J., & Geoffrion, S. (2021). Adherence to psychological first aid after exposure to a traumatic event at work among EMS workers: A qualitative study. International Journal of Environmental Research and Public Health, 18(21), 11026. https://www.mdpi.com/1660-4601/18/21/11026

Sommaire rédigé par E. Kossick, révisé et édité par B. Barootes et M. Tessier

Note : Dans le texte, le genre masculin est utilisé au sens neutre et désigne les femmes autant que les hommes.

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