Lauréats et lauréates du prix Champions de la santé mentale de 2022
En cette deuxième année de reconnaissance des champions et championnes de la santé mentale, nous avons de nouveau été impressionnés par la réponse positive à notre appel aux candidatures. Avec les 168 candidatures reçues, le comité de sélection, composé d’anciens champions, de membres du Comité directeur en sécurité publique, et de membres du personnel de l’ICRTSP, a eu le privilège de lire les mises en candidatures qui racontaient les histoires de membres du personnel de la sécurité publique (PSP) passionnés et dévoués, partout au Canada dont « les bottines suivent vraiment les babines », lorsqu’il s’agit de soutenir la santé mentale et le bien-être de leurs collègues.
Pour être considérés comme champions ou championnes, les candidats proposés ont été évalués selon les critères suivants :
- Leur impact sur la santé mentale au sein de l’organisation et de la collectivité (c.-à-d., changements ou améliorations qu’elles ont réussi à apporter) ;
- Le nombre de personnes qui ont bénéficié de leurs actions en santé mentale ;
- Leur volonté de parler de leur cheminement en santé mentale ;
- Les ressources ou les initiatives novatrices en santé mentale qu’elles ont réalisées ;
- Les nouvelles ressources en formation qu’elles ont créées ;
- Leur engagement à réduire la stigmatisation liée à la santé mentale ;
- Leurs activités comme pairs aidants ou comme membres d’une équipe de réinsertion.
Les candidatures de membres du PSP provenaient de différents secteurs et de différentes provinces, à travers le Canada. Avec autant de candidats méritants, se limiter aux 20 lauréats reconnus aujourd’hui n’a pas été une tâche facile.
Nous félicitons chacun des champions et championnes de 2022 d’avoir amélioré la santé mentale au sein de leur organisation. Tous les récipiendaires nous ont tous inspirés à l’ICRTSP. Nous croyons que leurs témoignages inspireront aussi de futurs champions de la santé mentale. Pour en savoir plus sur l’excellent travail qu’ils accomplissent dans leurs organisations, veuillez poursuivre la lecture.
Mackenzie Albus
Coordonnateur du programme de GSICC — Service d’incendie de la ville de Golden
En tant que pompier volontaire au sein d’une petite équipe, Mackenzie Albus a appris qu’il ne pouvait pas se permettre de perdre quelqu’un à cause d’une blessure. Il a aussi appris, par son expérience personnelle et celle de ses coéquipiers, qu’il y a peu de ressources disponibles pour soutenir la santé mentale. Sachant qu’il ne voulait pas que ces coéquipiers souffrent d’un manque de ressources, Mackenzie a instauré, à son service d’incendie, un programme de soutien par les pairs en GSIC.
La personne qui a proposé sa candidature décrit l’engagement de Mackenzie :
« Mac a commencé le programme GSIC à notre caserne, il y a trois ans. Il a monté le programme à partir de zéro, consacrant d’innombrables heures de temps bénévole pour le faire. Depuis qu’il l’a terminé, il se rend disponible 24/7 pour offrir du soutien par les pairs et assurer le développement ultérieur. »
Mackenzie sait que développer le programme de soutien par les pairs en GSIC n’est pas suffisant ; il sait qu’il faut encore s’assurer que les gens participant au programme. Il croit qu’une étape importante pour favoriser la santé mentale est l’éducation, afin de s’assurer que les membres du PSP comprennent l’importance de la santé mentale. Mackenzie veut s’assurer que les gens sachent qu’un des éléments nécessaires pour s’occuper des autres, c’est de prendre soin de soi.
Mackenzie a élargi son offre au service d’ambulance provincial ainsi qu’à d’autres membres de la communauté qui sont exposés à des incidents traumatisants. Il voit toujours beaucoup de stigmatisation liée à la santé mentale et à la culture du « encaisse et tais-toi », mais Mackenzie sait qu’en éduquant et en partageant son expérience personnelle, il peut changer ces attitudes.
En tant que pompier et paramédic, Mackenzie a sauvé des vies pendant des années de service, mais il considère encore son travail en soutien par les pairs comme étant plus enrichissant et plus touchant. Il est particulièrement inspiré lorsqu’il voit des membres échanger les connaissances et le soutien qu’il a partagés, lui donnant espoir pour la nouvelle génération du PSP.
Mackenzie a réalisé que se rendre vulnérable par son témoignage en santé mentale lui a permis d’aider un plus grand nombre de personnes. L’engagement de Mackenzie à aider les autres en fait un vrai champion de la santé mentale.
Gend. Steve Beck
Division G — GRC
Lorsque le gendarme Steve Beck a commencé à remarquer des symptômes de mauvaise santé mentale, il n’était pas certain de ce qu’il vivait. Il a dû surmonter la stigmatisation assumée et organisationnelle, selon laquelle on croit qu’une blessure de santé mentale vous affaiblit et vous rend incapable d’exercer vos fonctions.
Il avait aidé d’autres membres dans le passé, les avait aidés à trouver des soutiens en santé mentale, mais il n’avait jamais pensé qu’il aurait lui-même besoin de ces soutiens.
« Avec le temps, vous vous ignorez complètement, parce que vous ne réalisez pas que les traumatismes vous touchent de la façon qu’ils le font en ce moment. Vous ne pouvez pas continuer de garder tout cela en dedans, et de vous attendre à ce que cela disparaisse, parce que ça ne disparaîtra pas. Si j’ai appris quoi que ce soit de cette expérience, c’est que j’ai continué à refouler jusqu’au point d’être insensible et dysfonctionnel, et que ç’a été presque irréversible. »
Après avoir réalisé qu’il avait subi une blessure, Steve a décidé de partager son histoire avec ses collègues. Il voulait faire savoir aux gens que s’ils ressentaient la même chose, c’était correct. À la suite du partage de son témoignage, d’autres se sont manifestés ; des amis, des modèles de comportement ont mentionné que son honnêteté les avait inspirés parce qu’ils avaient eux aussi des problèmes.
D’abord, Steve a été frustré ; il aurait aimé que les gens qu’il admirait aient parlé plus tôt. Il aurait voulu que les gens aient été plus honnêtes, avant qu’un si grand nombre de leurs collègues se suicident.
Steve croit que la meilleure chose que les organisations peuvent faire pour le personnel est d’être plus ouvertes à propos de la santé mentale, et de fournir du soutien par les pairs durable, au-delà d’un seul débreffage à la suite d’un incident critique.
« Lorsqu’un événement majeur se produit, la communauté se rallie, et c’est inspirant. Tout le monde est de votre côté. Vous êtes occupé pendant un certain temps, et vous travaillez fort sur ce cas, mais c’est plus tard, alors que tout se calme et que vous vous retrouvez soudainement seul avec vos souvenirs. C’est là qu’il faut gérer ce qui arrive après coup. »
Steve pense aussi qu’il est essentiel d’éduquer le PSP en matière de santé mentale. Lorsqu’il a été atteint d’un TSPT, il n’éprouvait pas les symptômes souvent décrits dans les médias, comme des cauchemars et des flash-back. Steve éprouvait plutôt des symptômes cognitifs comme la perte de mémoire et le manque d’attention, qui l’ont éloigné de ses proches. Donc, un meilleur apprentissage à propos du spectre des symptômes est primordial. De plus, Steve pense que cet apprentissage doit se faire dès le début de la carrière d’un membre du PSP. Il affirme :
« Quand on était à la Division Dépôt, il nous apprenait à nous battre et à protéger notre corps, mais pas comment protéger notre santé mentale. Nous devons aussi apprendre que c’est correct de demander de l’aide. »
L’honnêteté de Steve a été une inspiration. La personne qui a proposé sa candidature, Vicky King, était encore nouvelle au sein de l’organisation lorsqu’elle a entendu le témoignage de Steve. Son ouverture concernant son cheminement en santé mentale a touché Vicky, qui ajoute :
Sergent David Bohdal
Coordonnateur en Santé et Mieux-être — Service de police de la ville de Windsor
Sergent David Bohdal me confie qu’il n’a jamais aspiré à être champion de la santé mentale. Comme père de cinq enfants qui le tiennent occupé, et une épouse infirmière à l’USI, David apprécie le simple plaisir de passer du temps avec des gens. En 2017, son petit service de police à Amherstburg a instauré un programme de soutien par les pairs, et David a été choisi pour faire partie de l’équipe. De petite envergure, le service comprenait environ 30 personnes, et était juste un élargissement des contacts qu’il avait déjà établis. En 2019, le service de police d’Amherstburg a été fusionné au plus large Service de police de la ville de Windsor, composé de plus de 600 agents.
Peu de temps après ce changement, on a offert à David la possibilité de suivre le programme de formation des formateurs RVPM. Ceux et celles qui ont suivi la démarche provenaient de différents secteurs du PSP. De voir comment des membres d’autres professions vivaient un événement traumatisant a été une expérience révélatrice pour David.
« Pensez par exemple à un accident d’auto, on est tellement habitué de le considérer de son point de vue, mais la formation m’a permis de le voir d’angles professionnels différents. »
La dernière journée de formation, le Service de police de la ville de Windsor affichait le nouveau poste de coordonnateur en Santé et Mieux-être. En lisant l’annonce, David a réalisé que s’il avait pu inventer le meilleur emploi pour lui-même, ç’aurait été celui-là. Il savait que c’était le travail qu’il était censé faire.
Au début, David n’était pas certain si le soutien qu’il offrait était utile, comme le fait de se présenter sur les lieux d’un appel traumatisant. Cependant, il est aussi le premier à faire remarquer que depuis qu’il occupe son nouveau poste, personne n’a dit : « ça n’a pas de bon sens, tu perds ton temps », ce qui selon David démontre un certain progrès vers la diminution de la stigmatisation.
Passer à travers les premières années dans son nouveau rôle, compte tenu des défis supplémentaires liés aux restrictions de la COVID, a été difficile, mais il commence maintenant à voir des résultats. Ils ont développé un programme d’intervention précoce qui planifie des vérifications après qu’une personne ait vécu plusieurs appels traumatisants, un programme de réinsertion qui permet un retour au travail sécuritaire, ainsi qu’un programme de protection pour les unités qui font face à des risques élevés, comme les membres de l’unité sur l’exploitation des enfants sur Internet.
David félicite une excellente équipe de pairs aidants et le psychologue local, Dr McGrory, pour son succès dans ses nouvelles fonctions. Il a profité de son poste pour élargir son influence en siégeant sur plusieurs comités associés à la santé mentale en Ontario, notamment, le Joint Knowledge Sub-committee, l’Anti-Stigma Advisory Table, et la communauté de pratique de l’Hôpital d’Ottawa.
La personne qui a proposé la candidature de David, Leah Dunbar, souligne l’impact qu’il a eu :
« L’Ontario a bénéficié de ses expériences. En participant à des comités, il a réussi à toucher plus de 80 000 membres du PSP de l’Ontario. Ardent défenseur et mobilisateur des connaissances, sa contribution au cours de la dernière année et au-delà, a sans aucun doute eu un impact positif sur la santé mentale du PSP partout en Ontario. Dave Bohdal est un champion de la santé mentale. »
L’ICRTSP est d’accord que David s’est dépassé. Toutefois, selon David, il s’agit simplement d’un emploi qu’il aime.
« Je comprends que personne ne verra les bienfaits ou les succès d’une grande partie du travail que j’accomplis, parce que la majorité est confidentielle. Je n’ai aucun problème avec ça. Si c’est le travail que je ferai pour le reste de ma carrière, je serai très heureux. »
Michael Brundritt
Agent des services frontaliers — AFSC
Michael (Mike) Brundritt sait qu’on ne peut pas reconnaître l’état de la santé mentale d’une personne en la regardant. Mike participe au programme de soutien par les pairs du PAE de l’AFSC depuis plus de 18 ans, et il se sert de ses compétences naturelles en communication pour nouer des relations solides avec les autres, afin qu’ils soient à l’aise de confier leurs problèmes. Mike a réalisé l’importance de ce soutien lorsqu’il a vécu son propre traumatisme en 2017. Il avait passé tant d’années à aider les autres que les réactions des gens de son entourage lui ont rappelé qu’il faisait partie d’une communauté qui le soutenait.
Au cours des quelques années passées, Mike a constaté des changements fondamentaux à la façon dont son organisation soutient la santé mentale. Il remarque davantage la prise de conscience de l’importance de prendre soin de soi et d’envoyer des messages plus positifs concernant les soutiens en santé mentale, mais il sait aussi qu’on peut toujours faire mieux. Il reste encore de la stigmatisation liée à la santé mentale dans les emplois du PSP. Mike sait qu’en ayant des occasions de discuter ouvertement, sans préjugés ou jugements, on peut réduire la stigmatisation. Si on parle assez d’un sujet, on peut éliminer la stigmatisation et aider les gens à se sentir à l’aise de se manifester. Il croit que les organisations ont un rôle à jouer en limitant les obstacles au soutien, mais, que tous à chacun doivent être prêts à défendre leur propre santé mentale.
La personne qui a proposé la candidature de Mike, Laurie Grant a été témoin de la façon dont l’ouverture de Mike a aidé les autres :
« Mike a personnellement vécu une tragédie dans sa vie. Cependant, au lieu de se laisser abattre par cette tragédie, il l’a mis de l’avant et l’a partagée afin d’encourager d’autres personnes à ne pas lâcher. Il est très franc à propos de son propre combat, et en même temps, il écoute les autres confier leurs épreuves. Il est toujours le premier à demander comment vous allez, et il est sincèrement intéressé. Je sais que je peux toujours compter sur Mike. ».
Mike n’encourage pas seulement la communication ouverte en milieu de travail ; il appuie activement le bien-être des employés en dirigeant le comité local de mieux-être au pont Ambassador. Le comité de mieux-être, qui a été créé pour commencer un barbecue de groupe, a évolué et organise régulièrement des activités qui contribuent à remonter le moral et à rendre le milieu de travail agréable, réduisant ainsi les journées de maladie et les absences.
Mike fait vite remarquer que même s’il a dirigé le comité, c’est un effort collectif, et plusieurs événements sont axés sur le soutien des coéquipiers blessés. D’autres personnes ont aussi remarqué le travail du comité de mieux-être dans la collectivité de l’AFSC et la communauté locale de Windsor, ce qui a permis au comité de trouver des moyens de développer ses idées.
Le milieu de travail agréable que Mike a contribué à créer témoigne qu’un petit coup de pouce peut énormément aider, et que c’est simplement une autre raison pour laquelle Mike est un champion de la santé mentale.
Shauna Burns-Thomson
Agente de programme correctionnel — Service correctionnel Canada
Lorsque Shauna Burns s’est jointe au Service correctionnel Canada, elle a remarqué que ses pairs avaient des difficultés, et plusieurs s’approchaient de l’épuisement professionnel. Les antécédents en santé mentale de Shauna lui ont permis de constater que le milieu de travail avait un impact significatif sur la santé mentale des employés ; ce qui a été particulièrement apparent durant la pandémie de la COVID. Lorsque l’occasion s’est présentée d’occuper le poste de chef du PAE et de la GSIC, Shauna a décidé d’agir. Dans son nouveau rôle, Shauna s’est rendu compte que plusieurs de ses coéquipiers n’avaient pas les outils nécessaires pour gérer des situations auxquelles ils feraient face tous les jours.
« Chaque incident, chaque facteur de stress, ou chaque complication représentent une pierre lancée dans un sac à dos, et on ne sait jamais à quel moment le sac se déchirera. »
Shauna a réalisé que malgré le fait que de bons programmes étaient en place, comme la GSIC, ils étaient devenus juste une case à cocher pour la direction, et cette attitude s’était propagée parmi le personnel. Elle s’est aperçue que lorsqu’elle a tendu la main pour offrir du soutien, on l’a ignorée parce que le programme n’avait aucun poids ; c’était simplement quelque chose qu’il fallait terminer avant de passer à autre chose. Même si Shauna sait que c’est facile de ressortir le négatif des programmes, elle a travaillé à gagner la confiance de ses collègues et ses coéquipiers. Elle veut qu’ils sachent que lorsque les pairs se présentent, ils s’engagent à faire les efforts afin de s’assurer que les employés sont corrects.
« Lorsqu’une personne ne va pas bien, nous souffrons tous. Vous pouvez rester les bras croisés et faire partie du problème te faire remarquer tous les défauts, ou vous pouvez choisir d’agir et de faire une différence. »
En se fiant aux trois nominations qu’elle a reçues pour le prix Champions de la santé mentale, de toute évidence, elle fait une différence au sein de son organisation. Les personnes qui ont proposé sa candidature ont aussi fait remarquer que le travail de Shauna, essentiel pour le personnel, a été élargi et est aussi offert aux détenus qui ont besoin de soutien.
Shauna sait que la stigmatisation liée à la santé mentale existe au sein de l’organisation. En effet, plusieurs continuent de croire qu’admettre qu’on a besoin d’aide c’est admettre qu’on est faible. Lorsque les gens se décident à prendre congé pour s’occuper de leur santé mentale, ils font face à de nombreuses barrières pour accéder à des soutiens en santé mentale. Elle mentionne que les obstacles comme les tâches administratives et les systèmes de réclamation peuvent sembler insurmontables, à quelqu’un qui a de la difficulté à sortir du lit. Shauna travaille fort afin de dissiper le mythe que ceux et celles qui ont besoin de soutien soient faibles, et elle travaille plutôt à leur faciliter l’accès à de l’aide. Une des recommandations qu’elle fait aux employés est d’utiliser leurs avantages sociaux et vérifier régulièrement leur état de santé mentale, pour ne pas se retrouver en situation de crise.
« Vous faites un changement d’huile sur votre voiture, non ? Vous n’attendez pas que votre voiture tombe en panne sur le bord de la route avant de vérifier l’huile ; vous voulez être proactif. »
Shauna sait qu’il y a encore de la place pour faire mieux, et elle s’engage à aider, au point d’obtenir une maîtrise en psychologie pour lui permettre de faire des consultations en dehors de son travail. Quand elle pense à améliorer la santé mentale, elle affirme que de bonnes relations sont primordiales. Shauna croit que pour maintenir une santé mentale saine, on a besoin de contact, de camaraderie, et d’une collectivité.
À l’ICRTSP, nous sommes heureux d’appuyer les efforts de Shauna, en la nommant championne de la
santé mentale.
Lt Ian Clavelle
Services d’urgence du Comté de Strathcona
Un apprentissage précoce dans sa carrière et une occasion de travailler au sein d’un service qui était « en avance sur son temps » en matière de soutien par les pairs ont lancé le lieutenant sur la voie vers l’amélioration de la santé mentale de ces coéquipiers. Alors que sa carrière progressait, Ian a approfondi ses connaissances par l’intermédiaire de formations en gestion du stress à la suite d’un incident critique et en soutien par les pairs. La perte d’un ami proche qui s’est suicidé a inspiré Ian à devenir chef de file en soutien par les pairs au sein de son organisation.
Il a réalisé :
« On ne sait jamais ce que quelqu’un vit. »
Une des personnes qui a proposé la candidature d’Ian, Tyler Brady, fait remarquer combien Ian a été important en tant que pair dirigeant :
« Je ne peux penser à aucune personne qui pourrait mieux faire le travail. La santé mentale des membres est une passion pour Ian, et il s’intéresse vraiment à nos gens. Il le fait tout en jonglant avec succès, sa vie personnelle et sa vie professionnelle très occupées. »
Selon Ian, être mentalement prêt pour le travail est aussi important que d’être physiquement préparé. N’importe qui peut être touché par des problèmes de santé mentale, et de pouvoir reconnaître que vous avez des problèmes est un élément essentiel pour rester en santé. Ian a découvert que s’instruire, et intégrer les techniques en résilience fondées sur des données probantes a été primordial au maintien de sa préparation en santé mentale. Il a aussi appris que le soutien par les pairs est une option indispensable. Un pair qui a vécu des expériences semblables au travail peut aider à comprendre des événements inhabituels. Des pairs formés peuvent même être plus importants puisqu’ils peuvent aider à orienter des membres en détresse vers les soutiens offerts.
Lorsque Ian s’est joint au service, la stigmatisation était un obstacle énorme à l’accès à des soutiens en santé mentale. Il a vu une amélioration avec le temps, mais il sait qu’il reste encore du travail à faire, afin que tout le monde soit à l’aise et traite les blessures de santé mentale comme on traite les blessures physiques. Il croit aussi que les organisations doivent être d’un grand soutien, et que la formation en santé mentale doit être plus qu’une simple case à cocher.
Les organisations doivent soutenir, de manière significative et à tous les niveaux, et ce de la première ligne jusqu’à la direction. Ian a découvert que dans son organisation actuelle, gérer les incapacités est essentiel. Un département de ressources humaines bienveillant, jumelé à une bonne gestion, peut être crucial au soutien de la santé mentale.
L’importance d’une bonne relation avec la direction a été soulignée par la deuxième personne qui a proposé la candidature d’Ian, Denise Annicchiarico :
« Sans ses efforts continus et sa volonté de travailler ensemble, j’ai l’impression qu’obtenir l’engagement des membres aurait été beaucoup plus difficile, sinon impossible. La direction à tous les niveaux, particulièrement au sein des syndicats, est essentielle au développement de programmes efficaces en santé mentale et en bien-être. »
Lorsqu’Ian travaille comme pair aidant, il est préoccupé que tout le monde soit vulnérable, mais il croit qu’il y a des moyens d’obtenir de l’aide, des moyens de se rétablir. Le travail acharné d’Ian et son dévouement sont inspirants, et l’ICRTSP est très heureux de le reconnaître comme champion de la santé mentale.
Natalie
Coordonnatrice des programmes et de la santé mentale — SCRS
Natalie est responsable de tenir un registre des programmes d’aide aux employés (PAE) et d’organiser la formation et les ateliers de santé mentale pour le SCRS. Natalie c’est toujours dévoué pour ses coéquipiers. Depuis 2014, Natalie s’est concentrée à trouver de nouvelles ressources pour le PAE, en ciblant le recrutement de fournisseurs qui offrent des services diversifiés et accessibles.
Tôt durant la pandémie, Natalie a remarqué le manque de cliniciens disponibles pour accueillir les clients du PAE, alors Natalie a agi et s’est impliquée plus directement afin de s’assurer que les gens trouveraient des ressources dans la communauté qui répondraient à leurs besoins.
Comme l’a mentionné celui qui a proposé sa candidature, Sebastian :
« Grâce à Natalie, depuis le début de la pandémie, près de 1 400 clients du PAE auront été directement mis en contact avec les ressources appropriées. »
Natalie s’est aussi engagée à poursuivre son éducation en matière de santé mentale. Elle a suivi une formation de premiers soins en santé mentale, et a obtenu un certificat de consultation ; les deux lui ont permis d’améliorer sa capacité à aider les autres au sein de l’organisation. Les cliniciens ont aussi profité de son savoir-faire pour développer du nouveau contenu pour la formation des employés du SCRS.
Les gestionnaires qui ont proposé la candidature de Natalie ont constaté les bienfaits de l’approche de travail proactive de Natalie :
« Au fil des ans, Natalie a offert un service et du soutien exceptionnels aux employés du SCRS, particulièrement au cours des trois années passées, alors que la demande pour les services du PAE a connu une hausse significative. Les membres de la direction se considèrent chanceux d’avoir une coordonnatrice de son calibre. »
En tant qu’organisation, le SCRS est habitué à travailler tranquillement dans l’ombre, essayant souvent de ne pas attirer l’attention. Cette année, l’ICRTSP est honoré de reconnaître une des membres du SCRS comme championne de la santé mentale.
Capitaine Steve Farina
Service des Incendies de la ville de Port Coquitlam
Pour le capitaine Steve Farina, c’est facile de mettre le doigt sur ce qui l’a inspiré à devenir champion de la santé mentale. En 2015, deux pompiers de son service se sont suicidés, et il raconte que l’expérience l’a « frappé en plein cœur ». Ces événements tragiques, et d’autres suicides au sein du Service des Incendies de la ville de Vancouver, ont lancé Steve à la défense de la santé mentale.
Steve reconnaît qu’améliorer la santé mentale des premiers intervenants ne se fait pas du jour au lendemain.
« Les pompiers sont des gens stoïques et doivent demander la permission pour mettre un genou à terre, ce qui est difficile avec autant d’autostigmatisation, de stigmatisation organisationnelle, et de stigmatisation sociétale liées à la santé mentale, particulièrement pour les premiers intervenants. Ce sont des sauveteurs et ils n’ont pas l’habitude d’être sauvés. »
Steve croit qu’afin d’améliorer la santé mentale, la direction doit embrasser d’en haut le soutien en santé mentale. Il remarque : « Les gens sont les plus importants atouts d’une organisation. Les organisations doivent s’assurer que leurs gens soient aussi bien équipés que leurs camions de pompier, leurs autos de police, ou leurs ambulances. »
Steve suggère que les organisations financent le soutien par les pairs et le mentorat au sein de leurs services, afin que les recrus dans la profession puissent avoir ce qu’il appelle un « Sherpa de la santé mentale », qui peut les guider dans certaines des situations difficiles auxquelles ils feront face au cours de leur carrière.
Les ressources doivent aussi être offertes aux familles du PSP. Depuis de nombreuses années, le service d’incendie de Steve organise une soirée pour les conjoints et les familles, où un professionnel de la santé mentale, un gestionnaire en GSIC, et un aumônier présentent les ressources offertes en santé mentale. Steve croit que des événements et des activités comme celle-ci sont une autre étape importante vers la normalisation des conversations portant sur la santé mentale.
« Les familles sont souvent les premières à remarquer un problème. Si une personne n’a pas la tête à la tâche, ce pourrait être un enjeu de sécurité pour ses coéquipiers, donc il est important que la famille fasse partie de la solution. »
Steve insiste sur le fait que la responsabilité d’améliorer la santé mentale ne dépend pas seulement de l’organisation. Renforcer sa résilience personnelle est aussi essentiel. « Votre résilience est la seule chose que vous pouvez contrôler. »
Une des personnes qui a proposé la candidature de Steve, Chris Bond, fait tout de suite remarquer
l’impact que Steve a eu,
« Steve cherche toujours activement des façons de réduire le niveau de dommages psychologiques causés par les expositions aiguës et les expositions cumulatives. Je ne peux pas exprimer assez combien Steve a réussi à changer notre culture de travail en matière de santé mentale, de bien-être, et s’occuper de soi. »
En discutant avec Steve, on n’a aucun doute qu’il est passionné de soutenir la santé mentale de ses frères et sœurs pompiers. Son implication est inspirante et fait de Steve un champion de la santé mentale.
Rhonda Harte-Pittman
Infirmière gestionnaire — Division B de la GRC
Le dévouement, les sacrifices personnels, et la persévérance absolue de ses collègues de la GRC ont inspiré Rhonda Harte-Pittman à promouvoir la santé mentale et le bien-être. Elle considère la promotion de la santé mentale et du bien-être comme sa façon de contribuer, et ajoute : « je crois sincèrement qu’en s’entraidant on peut accomplir des choses formidables. »
Rhonda reconnaît le besoin de normaliser la santé mentale au sein des organisations du PSP. Elle constate que la mauvaise conception et la stigmatisation liées à la santé mentale existent encore dans ces organisations. Elle affirme que lorsque les organisations créent un environnement ouvert et sécuritaire, les gens se sentent soutenus et autorisés à demander de l’aide.
Rhonda reconnaît qu’une partie de ce soutien doit aussi revenir aux employés qui travaillent dans le domaine de la santé mentale et du bien-être.
« S’assurer que les employés qui travaillent dans le domaine du bien-être et de la santé mentale soient fermement soutenus au sein d’une organisation, est d’une importance capitale. Ces employés doivent recevoir la formation et les outils appropriés, et profiter de systèmes de soutien mis en place afin de favoriser leur bien-être continu. »
Rhonda sait que le soutien s’est amélioré, mais elle fait tout de même remarquer cinq aspects où il faut faire mieux en soutien organisationnel :
- Offrir des initiatives pour sensibiliser à la santé mentale et aux ressources ;
- Donner une formation en techniques de communication en santé mentale ;
- Former la direction en intelligence émotionnelle ;
- Offrir un programme de soutien par les pairs solide ;
- Développer, en milieu de travail, des mesures d’adaptation fondées sur des données probantes en santé mentale.
Rhonda a réalisé que l’approche de « la santé mentale partout » est la meilleure, c’est-à-dire, où tous les niveaux de l’organisation travaillent ensemble à développer des initiatives qui peuvent être intégrées aux politiques de l’organisation.
Rhonda a participé au développement de plusieurs programmes en service, qui selon elle ont donné l’occasion de discuter de santé mentale dans un environnement ouvert et sécuritaire.
Pour Jennifer Ebert, commandante divisionnaire de la Division B, qui a proposé sa candidature, le travail de Rhonda a été extrêmement important pour la division :
« Elle est la première à se porter volontaire pour n’importe quel projet, et elle cherche chaque jour de nouvelles façons de régler les problèmes qui persistent. Son leadership au sein du programme de GSIC a permis à de nombreux employés qui auraient autrement pu être perdus de retourner au travail de manière sécuritaire et saine. »
Le dévouement de Rhonda est inspirant, et l’ICRTSP est fier de la reconnaître comme championne de la santé mentale.
Judy Hollett
Coordonnatrice du soutien par les pairs et du soutien aux familles, Soins médicaux d’urgence
Le combat personnel que Judy Hollett a mené contre des problèmes de santé mentale l’a inspirée à « intervenir » pour les autres. Lorsqu’elle a manifesté qu’elle avait des problèmes de santé mentale, Judy a vécu de la stigmatisation. On l’a critiquée et jugée dans son milieu de travail, la forçant à s’isoler et à s’éloigner de ses coéquipiers pendant plusieurs années. Alors qu’elle a décidé qu’elle guérirait, Judy s’est rendu compte que les gens étaient comme des glaciers, soit la plus grande partie d’eux-mêmes étant invisible sous la surface. Elle a réalisé que ce serait difficile pour ses coéquipiers de savoir ce qui se passait dans sa tête sans qu’elle n’en parle, et c’est la raison pour laquelle elle sent qu’il est essentiel que les organisations articulent clairement que « c’est correct de ne pas bien aller ».
Comme le fait remarquer la personne qui a proposé Judy, Paula Martell :
« Judy a partagé ses propres expériences et les moyens par lesquels elle a développé les compétences en résilience, tout au long de son parcours en santé mentale. Elle se permet d’être vulnérable, et en la voyant, d’autres se sentiront en sécurité de faire la même chose. Le bien-être qu’on ressent en se rendant vulnérable est contagieux, et elle a inculqué l’importance de cette compétence à son équipe, ainsi qu’à tous ceux et celles qu’elle soutient. »
Judy sait qu’il est important d’aider les autres à comprendre qu’ils ne seront pas ridiculisés ou exclus parce qu’ils ont des problèmes de santé mentale ; on leur offrira plutôt du soutien.
Ce soutien commence en éduquant le PSP sur les problèmes de santé mentale et sur la santé mentale. Judy croit qu’il est important d’aider les gens à s’aider, en les informant des soutiens offerts. Il est aussi primordial qu’ils comprennent que prendre soin de sa santé mentale est un travail continu. Comme le dit Judy, « vous n’iriez pas au gym une fois et pensez que vous êtes en forme ; prendre soin de soi est un engagement à vie. »
Selon Judy, sa routine quotidienne de la « mise en forme de sa santé mentale » consiste à pratiquer la méditation, à tenir un journal, et à entretenir un discours interne positif. Elle pense aussi que renforcer sa résilience à l’aide de programmes comme RVPM ou la résilience stratégique pour les premiers intervenants est primordial pour le PSP. La communication est aussi un élément important. Afin de créer un environnement qui soutient la santé mentale, il est essentiel d’écouter les gens sans jugement et de bâtir sur les valeurs de chaque génération au sein de l’organisation.
Judy croit que les organisations ont un rôle à jouer en offrant du soutien, de la formation, du soutien par les pairs, et en créant un milieu qui appuie les membres qui déclarent avoir des problèmes de santé mentale. Toutefois, les membres doivent tout de même être prêts à faire le premier pas pour obtenir de l’aide.
Lorsque quelqu’un fait le premier grand pas et demande de l’aide, Judy s’efforce d’être présente, et c’est la raison pour laquelle elle est championne de la santé mentale.
Cple Katharine Jackson
Groupe des homicides historiques — GRC
Caporale Katharine Jackson a consacré sa carrière à enquêter sur certains des crimes les plus sordides. Elle a ressenti la pression d’être l’agente parfaite de la GRC, en aidant à soutenir les Canadiens, la pire journée de leur vie. Son travail a eu un impact sur sa santé mentale, menant à un diagnostic de TSPT et à des idées suicidaires. Cependant, c’est en apprenant le suicide d’un collègue que Katherine a été incitée à partager sa propre histoire.
Cple Jackson s’est portée volontaire pour partager son témoignage dans une vidéo diffusée dans l’ensemble de la GRC. Elle savait que le fait d’avoir travaillé sur des dossiers notoires, et d’être bien connue dans sa division donnerait un impact significatif à son témoignage. Cple Jackson voulait dire aux autres, « C’est correct d’être brisée, on se rétablit, et c’est correct de se faire traiter afin de se rétablir. »
Au début, Cple Jackson avait peur qu’à cause de la stigmatisation liée à la santé mentale, sa vidéo soit mal reçue et qu’elle ait peu de rétroaction. Bien qu’ouvertement tout était positif, elle savait que certains services la voyaient différemment, et elle l’a accepté. Elle croit que plus les gens se manifestant, mieux c’est, même si quelqu’un ne souhaite pas partager en public, le simple fait de partager avec un pair est une étape essentielle vers une meilleure santé mentale.
Cple Jackson a découvert que le soutien d’un programme de thérapie sur Internet a fait toute la différence. D’abord, elle ne voyait aucun bienfait ; mais en continuant avec les séances et en faisant ses devoirs, elle a remarqué que ses pensées changeaient. Aujourd’hui, elle a les outils et les connaissances nécessaires pour savoir quand elle « dérape » et qu’elle a besoin de se concentrer sur sa santé mentale. Elle vit encore des journées difficiles, mais elle a appris à les gérer.
Cple Jackson sait que certains domaines de son organisation doivent être améliorés afin de faire avancer le soutien en santé mentale. Les temps d’attente très longs pour consulter un psychologue l’ont mené à suggérer à l’organisation de reconnaître d’autres options comme les travailleurs sociaux et d’autres professionnels, particulièrement dans les communautés rurales où on doit souvent surmonter des obstacles pour obtenir des soins.
Elle affirme : « On ne peut pas mettre la santé mentale en veilleuse. »
Le partage de sa vidéo, ainsi que son travail au sein de l’équipe d’intervention en soutien proactif de la C.-B, ont eu un impact important, et la personne qui a proposé sa candidature, Michael McCauley fait remarquer :
« Caporale Katharine Jackson est une héroïne au sein de son organisation. Son courage de défendre la santé mentale au sein de la GRC, et de se consacrer à éliminer les obstacles au bien-être, ont sans doute sauvé des vies. Quoique cela ne sera jamais mesuré, je n’ai aucun doute que sa sincérité continuera d’aider d’innombrables agents et agentes de police. »
L’ICRTSP est heureux de pouvoir reconnaître l’excellent travail accompli par la caporale Katharine Jackson, une véritable championne de la santé mentale.
Adib Kaddoura
Agent correctionnel — Service correctionnel Canada
Adib Kaddoura est devenu champion de la santé mentale par accident. Lorsque Adib a commencé à travailler au service correctionnel il y a plus de 23 ans, on parlait rarement de santé mentale. Adib affirme qu’il était un de ceux qui étaient méfiants envers les coéquipiers qui souffraient de blessures de santé mentale. Même après s’être joint à l’équipe de GSIC en 2010, il n’était pas certain de croire au besoin de soutien en santé mentale. Cependant, tout a changé au fur et à mesure que le personnel s’est mis à l’approcher pour du soutien. Durant ses premières années en GSIC, il a constaté que de nombreux membres du personnel souffraient et avaient peu d’outils pour les aider. Adib a réalisé que le besoin de soutien n’était pas un signe de faiblesse, mais un signe de blessure. Cette prise de conscience a entamé le parcours d’Adib afin de comprendre la santé mentale, et l’impact d’événements traumatisants, sur ceux et celles qui œuvrent en corrections.
« On se préoccupe tellement des blessures physiques, alors que les blessures émotionnelles et de santé mentale sont encore parfois ignorées. On s’interroge davantage sur les blessures de santé mentale, pensant qu’il s’agit d’une ruse ou d’une tactique que les gens utilisent pour profiter de leur employeur. C’est une question qu’il faut aborder, et nous le faisons en demandant aux gens des organisations d’agir. »
Depuis ces premiers jours en GSIC, Adib a été motivé par le désir d’améliorer la santé mentale de ses coéquipiers. À ces propres frais, il a obtenu l’accréditation de pair aidant animateur formé, de l’ICISF. Aujourd’hui, Adib offre une formation normalisée à des pairs dans plusieurs provinces. Il affirme qu’il a observé des améliorations à la manière dont son organisation traite la santé mentale. Il croit, cependant, que l’attention portée aux soutiens en santé mentale en est à ses premiers pas, et que davantage de recherche est nécessaire afin de soutenir les membres du PSP qui font face à des problèmes de santé mentale.
Adib croit aussi qu’il est important de travailler à réduire la stigmatisation, autant au niveau individuel, qu’au niveau organisationnel. Il a constaté un lien entre l’effondrement de ses coéquipiers et l’utilisation accrue des réseaux sociaux, ainsi que l’isolement accru durant la COVID. Tout de même, Adib croit que travailler à rétablir les contacts est essentiel. Il croit aussi que de petits investissements de la part des organisations, ne serait-ce que des collations et des breuvages lors de séances de formation, peuvent contribuer grandement à ce que les gens sentent que l’organisation est là pour les soutenir.
En proposant sa candidature, April Sawatzky fait remarquer comment Adib a eu un impact :
« M. Kaddoura est un homme qui possède une grande force et une grande résilience. Il est patient, aimable et positif, malgré le fait qu’il travaille dans un environnement négatif, instable et violent. Aider ses pairs à gérer le stress à la suite d’un incident critique le passionne. »
En parlant avec Adib, vous ressentez la passion qu’il a pour aider ses coéquipiers, et c’est cette passion qui fait de lui un champion de la santé mentale.
Chad Kennedy
En congé — Alberta Sheriff Branch
Chad Kennedy a subi les conséquences d’une blessure de stress post-traumatique tôt dans sa vie, alors qu’il a vu son père, un agent de la GRC, lutter contre le trouble de stress post-traumatique (TSPT). En 2018, Chad recevait son propre diagnostic de TSPT, mais c’est la réponse à un appel d’un autobus qui avait fait capoter à Jasper en 2020 qui a poussé Chad à envisager le suicide. Dans ce moment creux, tard la nuit, Chad s’est engagé sur les réseaux sociaux à marcher d’un bout à l’autre du Canada pour entamer une conversation concernant le TSPT. En relisant sa publication le lendemain matin, Chad s’est demandé si c’était possible, mais il a vite décidé de faire le saut et d’entreprendre ce voyage, donnant naissance à Sea to Sea for PTSD (D’un océan à l’autre pour le TSPT).
Chad considère la stigmatisation liée à la santé mentale comme étant un des plus gros obstacles qui empêchent les membres du PSP d’admettre qu’ils éprouvent des problèmes de santé mentale. Il a découvert qu’au sein de la collectivité du PSP, certains voyaient une blessure de santé mentale comme une faiblesse, et encourageait l’attitude « encaisse et tais-toi. » Selon Chad, ce sont ces attitudes mésinformées qui rendent si importante la conversation concernant la santé mentale.
Celui qui a proposé sa candidature, Michael Berns remarque :
« Chad est une personne extraordinaire qui a littéralement interrompu sa vie pour contribuer à enrayer la stigmatisation liée à la santé mentale, et à promouvoir la réforme au sein de la collectivité des premiers intervenants sur la façon de voir et de gérer la santé mentale. »
Chad sait que l’éducation est la clé pour diminuer la stigmatisation. Dans le cadre de ses efforts avec Sea to Sea, Chad espère élaborer un programme qui serait offert aux membres du PSP alors qu’ils entament leurs carrières. Il croit qu’il est important que les membres du PSP aient dès le début les outils pour soutenir leur santé mentale. Pour Chad, son outil c’est de marcher.
Il ajoute : « Les membres du PSP répondent toujours à l’urgence de quelqu’un d’autre, mais c’est important qu’ils prennent le temps de garder la tête froide afin d’être prêts à répondre. »
Chad et d’autres membres de l’équipe Sea to Sea for PTSD ont marché de Cranbrook jusqu’à Montréal. Ils reprendront leur périple l’été prochain, voyageant de la ville de Québec à travers les Maritimes. Lors de ses voyages à travers le pays, Chad s’est adressé à d’innombrables membres du PSP, de membres des forces armées et de leurs familles. Les expériences de son enfance ont aussi permis à Chad de prendre conscience de l’importance de soutenir et d’éduquer les familles sur la santé mentale.
Ce qui a commencé par une idée sur un coup de tête a entraîné Chad dans un voyage à travers le Canada, et vers un examen de conscience. Marcher lui a donné le temps de réfléchir et de pardonner. Il dit aujourd’hui que cette marche « lui a sauvé la vie et lui a donné un but. »
L’ICRTSP est fier de reconnaître les efforts de Chad en tant que champion de la santé mentale.
Martin Léveillé
Paramédic — Dessercom
Le paramédic Martin Léveillé a vécu ses propres expériences de problèmes de santé mentale, qui lui ont donné une perspective unique sur cet enjeu. De voir des professionnels en uniforme ne pas prendre la santé mentale au sérieux, tout en permettant les conversations sur la santé mentale d’être tabou, a encouragé Martin à s’impliquer et à partager son histoire personnelle, dans le but de normaliser les discussions concernant la santé mentale. Martin a commencé par faire une vidéo en ligne dans laquelle il parle de son parcours et de son programme de traitement.
Cette ouverture n’était que le début. Comme le fait remarquer la personne qui a proposé sa candidature, Mylène Gilbert, Martin aide maintenant ceux et celles qui cherchent de l’aide :
« Il donne son temps, il conseille, et il offre le soutien nécessaire pour faciliter le processus. Il prend le temps de les rencontrer au travail ou à la maison, d’être à l’écoute, et de les orienter vers les bonnes ressources. S’ils sont en congé, Martin s’assurera ensuite du succès de leur réinsertion en milieu de travail. »
Martin a constaté qu’on discute ouvertement des blessures physiques associées à l’emploi, et qu’on ignore les blessures psychologiques. Pour Martin, avoir un corps et un esprit sains est essentiel à l’exercice de ses fonctions. Martin croit que les organisations doivent aller au-delà des programmes d’aide aux employés, et plutôt se concentrer sur l’éducation et la formation en santé mentale, ainsi que sur les programmes de soutien par les pairs offerts par des pairs aidants formés. Il croit qu’il faut s’instruire afin de démystifier les problèmes de santé mentale.
Selon Martin, les membres du PSP doivent entendre parler de santé mentale de manière positive, ainsi lorsqu’ils rechercheront des services, ils considéreront une blessure de santé mentale de la même façon qu’ils traiteraient n’importe quelle autre blessure subie au travail. Le dévouement de Martin à aider les autres en fait un véritable champion de la santé mentale.
Matthew McKeage
Paramédic en soins primaires — Associated Ambulance
Être champion de la santé mentale n’était pas sur la liste des tâches à accomplir de Matthew McKeage. Alors qu’on jase, il maintient que le mérite revient à son équipe et à tout le personnel qui s’impliquent à améliorer la santé mentale. Il rend même hommage à Becky Brown, une collègue en nomination pour le prix Champions de la santé mentale de cette année. Matthew affirme qu’en tant que paramédical, il se rend au travail avec l’intention de rendre meilleur sa communauté et le monde, et ses efforts pour améliorer la santé mentale au sein de son organisation sont juste une autre façon de le faire.
Bien que Matthew considère qu’améliorer la santé mentale est un sport d’équipe, la personne qui a proposé sa candidature, Jeff Sych, fait vite remarquer la contribution de Matthew :
« Matt est une personne incroyable qui, depuis de nombreuses années, a pris en main la défense et l’amélioration des soutiens en santé mentale pour ses collègues et les membres de la collectivité paramédicale. Avec des expériences en santé mentale acquises en travaillant auprès des services aux victimes et des populations toxicomanes, il était naturel qu’il devienne le chef de l’équipe du programme de soutien par les pairs de son organisation. ».
Lorsqu’on lui demande pourquoi c’est important que les gens des organisations du PSP agissent pour la santé mentale, Matthew partage ceci :
« On fait des blagues sur le fait que les paramédics ne prennent pas leur retraite. Une carrière dure en moyenne cinq à sept ans, et on traite cela comme un fait, plutôt que d’essayer de savoir pourquoi cette réalité existe. Les organisations doivent comprendre que des programmes et de la formation protègent les membres et les rendent heureux au travail. »
Matthew croit que si les organisations et les personnes travaillent ensemble afin d’aider à soutenir du soutien par les pairs, fondé sur des données probantes et d’un point de vue médical, les membres pourraient profiter d’une vie professionnelle plus sécuritaire et plus heureuse.
Il affirme que de s’assurer que les travailleurs comprennent les risques associés à une carrière en services paramédicaux, est un facteur important.
« Au début d’une carrière en services paramédicaux, on doit avoir plus d’information concernant l’impact émotionnel et mental que l’emploi peut entraîner. Cela pourrait se faire par le biais de bon mentorat de la part de paramédics plus expérimentés. »
Matthew remarque qu’il y encore de la stigmatisation liée à la santé mentale, mais il constate aussi des améliorations à la culture des paramédics. Cependant, il maintient que si les gens sont à l’aise de parler de leurs problèmes de santé mentale, les organisations doivent s’assurer que le soutien soit accessible. Cela devient problématique lorsque les membres demandent de l’aide et s’aperçoivent qu’aucune aide n’est offerte.
En proposant sa candidature, Malcolm McNeill souligne le dévouement de Matthew :
« Matt a travaillé assidûment afin de rendre la demande d’aide plus acceptable au sein de son organisation. Grâce à son travail, de nombreux collègues ont pu facilement accéder à du soutien efficace et recevoir des soins continus. »
Matthew se consacre maintenant à un nouveau projet. En janvier, il espère lancer un balado qu’il a développé avec la collaboration de professionnels de la santé mentale. Le balado informera le PSP sur la santé mentale, la psychologie, la résilience, ainsi que des techniques d’adaptation. Il espère que le balado permettra au PSP de mieux communiquer avec les personnes de la communauté qui vivent des problèmes de santé mentale, et aidera les membres du PSP à reconnaître lorsqu’ils ont besoin de soutien pour leur propre santé mentale.
L’approche novatrice de Matthew afin de soutenir la santé mentale est la raison pour laquelle l’ICRTSP est heureux de le reconnaître comme champion de la santé mentale.
Capitaine Nathalie Ménard
Service de sécurité incendie de Montréal
Tôt dans sa vie, Capitaine Nathalie Ménard a appris l’importance de comprendre la santé mentale. Exposée à des problèmes de santé mentale dans son enfance, Nathalie a voulu comprendre son expérience et partager ce qu’elle avait appris avec ses collègues du Service de sécurité incendie de Montréal. En œuvrant comme pair aidant, et avec ses neuf ans à titre d’officière responsable du PAE, Nathalie a appris que tous les membres du PSP ont « l’âme d’un sauveur » ; et que porter l’uniforme peut leur donner l’impression d’être invincibles. » Cependant, elle a découvert que le bouclier procuré par l’uniforme peut s’effondrer, laissant derrière une personne qui a besoin, et qui mérite du soutien.
Nathalie explique : « Un élément du soutien nécessaire aux membres du PSP consiste à démystifier la santé mentale. Les obstacles peuvent être surmontés en encourageant, en comprenant, et en normalisant le besoin de soutien en santé mentale, empêchant ainsi la stigmatisation et les jugements. »
Nathalie sait qu’il est essentiel de posséder une vaste gamme de soutiens, comme des outils d’autoévaluation et des occasions d’apprendre, mais elle comprend aussi que tous les services n’ont pas toujours le budget pour développer les outils. Elle suggère que les plus gros services, qui ont davantage de ressources, travaillent ensemble afin de créer du matériel de prévention et de le partager avec les plus petits services qui n’ont pas les mêmes ressources. L’esprit de collaboration de Nathalie a été souligné dans sa mise en candidature pour le prix Champions de la santé mentale. La personne qui l’a proposé, Chef adjoint Michel Amesse, a mentionné que les conseils de Nathalie sont aussi prisés par les services partenaires pour le développement de pratiques de soutien de la santé mentale.
Lorsqu’on lui demande quel est l’outil le plus important que les organisations peuvent mettre en œuvre pour soutenir la santé mentale, Nathalie répond tout de suite, le soutien par les pairs, qui selon elle est composé de personnes sur le terrain, qui peuvent écouter, propager les informations, et en fin de compte aider à réduire la stigmatisation liée au fait de se manifester et déclarer des problèmes de santé mentale. Elle souligne aussi que le soutien organisationnel est essentiel à ce que lorsque les membres du PSP lèvent la main pour déclarer qu’ils ont un problème, on les voie et on les écoute.
Le service de la Capitaine Nathalie Ménard au Service de sécurité incendie de Montréal tire à sa fin. Le chef adjoint Amesse termine sa mise en candidature en disant :
« Par sa remarquable contribution et son désir de partager ses connaissances afin d’aider les autres, Capitaine Nathalie Ménard aura certainement marqué le Service de sécurité incendie de Montréal. Pour cette raison, nous croyons qu’elle mérite amplement le titre de championne de la santé mentale. »
À l’ICRTSP, nous sommes d’accord, et nous sommes heureux de nommer Capitaine Ménard, championne de la santé mentale.
Pompier Jeff Reeder
Service d’incendie de la ville de Prince Albert
Tôt dans sa carrière, Jeff Reeder a vécu un incident traumatisant. Cet incident a fait boule de neige et entraîné, des années plus tard, un diagnostic de TSPT. À ce moment-là, il n’y avait pas beaucoup de soutien en santé mentale au sein de son service d’incendie. Le service offrait une séance de débreffage après un incident critique, mais ne faisait aucun suivi. Lorsque Jeff a finalement décidé de demander de l’aide, il a eu de la difficulté à trouver quoi faire. Il n’avait pas l’impression que la consultation psychologique qu’il recevait appuyait son désir de poursuivre ses fonctions de pompier. Neuf mois plus tard, Jeff ne se sentait pas encore tout à fait rétabli, mais la durée de son traitement était terminée. Il s’est mis alors à la recherche d’autres ressources. Comme il aimait les chevaux, Jeff a essayé une thérapie assistée par le cheval. Après quatre mois, il a remarqué que ses symptômes commençaient à diminuer. Il s’est senti redevenir lui-même et pouvoir retourner au travail.
L’expérience de Jeff l’a inspiré à aider d’autres membres qui font face à des problèmes de santé mentale. Jeff est membre de l’équipe de soutien par les pairs et trouve qu’il y a maintenant beaucoup plus d’informations accessibles pour s’instruire sur la santé mentale. Cela permet aux membres de reconnaître les signes de problèmes de santé mentale, ce qui aide à normaliser les troubles de santé mentale. Jeff considère le soutien par les pairs comme une façon de faire le pont entre les ressources et les pompiers.
Lorsque la province de la Saskatchewan a adopté une mesure législative reconnaissant les blessures de santé mentale, Jeff a profité de l’occasion pour offrir son expertise à la Commission des accidents du travail. Fondé sur le modèle du programme de la Colombie-Britannique, le site Web Sask First Responders prenait vie, aidant le PSP à trouver des ressources. Jeff affirme, « Tout le monde va au gym, mais personne ne prend soin de sa santé mentale. Faire la liste de ressources que les gens pouvaient consulter était une priorité. »
Comme l’a décrit la personne qui a proposé sa candidature, Paul Hills, Jeff était aussi prêt à partager sa propre expérience :
« Jeff a été ouvert et franc à propos de son parcours personnel en santé mentale au point d’être le principal porte-parole de la Commission des accidents du travail et de leur site Web sur la santé mentale. » Il a accepté d’enregistrer des vidéos et de faire des conférences au besoin, et de se servir de son témoignage pour aider les autres à comprendre qu’avec le bon soutien, un parcours de santé mentale peut se terminer sur une note positive. »
En travaillant au sein d’une petite communauté, Jeff considère aussi le manque de ressources en consultation psychologique comme étant un obstacle pour plusieurs membres du PSP. Cette lacune en ressources est une des raisons pour lesquelles il s’est associé à d’autres membres du PSP afin de créer une retraite dirigée par des pairs, qui permet aux membres du PSP de se reposer et de se rétablir. Bien que la retraite soit menée par des pairs, les pairs dirigeants s’assurent aussi que les participants aient accès à des ressources professionnelles.
Jeff comprend l’importance de s’assurer que les soutiens offerts au PSP soient fondés sur des données probantes, et pour ce faire, il travaille avec des chercheurs sur une étude portant sur une thérapie assistée par le cheval pour le TSPT. Jeff espère que l’étude obtiendra des résultats semblables à ceux qu’il a personnellement vécus, afin que la thérapie assistée par le cheval soit une option pour d’autres membres du PSP.
La volonté de Jeff de défendre la santé mentale de ses collègues du PSP en fait un champion de la santé mentale.
Capitaine Mike Sears
Services régionaux d’incendie et des urgences de la ville de Halifax
Vice-président — Association des pompiers professionnels de la Nouvelle-Écosse
Le Capitaine Mike Sears n’a jamais eu l’intention d’être champion de la santé mentale. Lorsqu’il a commencé à travailler aux Services régionaux d’incendie et des urgences de la ville de Halifax, la notion « qu’avoir des émotions est signe de faiblesse » était répandue à travers l’organisation. Ce n’est que quelques années plus tard, à la suite d’un appel particulièrement affreux, qu’il a rencontré un groupe de soutien par les pairs et de pairs aidants nouvellement formés. Un pair aidant a expliqué à Mike que la sensation de « coup de pied à la poitrine » qu’il a éprouvée après un appel pourrait être lié à sa santé mentale. Le suivi par le pair a permis à Mike de réaliser qu’il aurait peut-être besoin de parler à un professionnel. Après s’être occupé de sa propre santé mentale, Mike a rapidement commencé à aider les autres à accéder à du soutien par les pairs. Il a recommandé tellement de coéquipiers que le chef du soutien par les pairs lui a demandé de se joindre au groupe.
L’honnêteté de Mike a été soulignée par la personne qui a proposé sa candidature, Joseph Triff :
« Mike a été franc et prêt à parler de ses problèmes de santé mentale personnels, liés au travail de pompier et de capitaine aux services d’incendie de la ville de Halifax au cours des 20 dernières années. Mike est un des membres de notre organisation qui s’adresse à toutes les nouvelles classes de pompiers concernant l’importance de prendre soin de sa santé mentale, et il se sert de ses propres expériences et de ses problèmes afin de les éduquer. »
Mike est demeuré pair aidant jusqu’à tout récemment, alors qu’un ami proche, quelqu’un qu’il aidait, s’est suicidé. Cette perte, et le stress lié à la pandémie, ont entraîné Mike à prendre du recul ; réalisant qu’après des années comme pair aidant, il ne pouvait plus assumer les traumatismes d’autres membres. Mike et les parents du défunt ont plutôt créé l’organisme de charité « Fight 4 Life ». Ils travaillent actuellement à offrir aux pairs aidants la formation très nécessaire pour leur donner les outils dont ils ont besoin pour protéger leur santé mentale, alors qu’ils servent les autres.
Dans le cadre de son objectif de participer à faire une différence aux soutiens en santé mentale, Mike a aussi siégé au comité des premiers intervenants de la Commission des accidents du travail de la Nouvelle-Écosse. Durant sa carrière de pompier, il a constaté certaines améliorations, mais il admet qu’il y a encore beaucoup de travail à faire. En parlant de ce que les organisations peuvent faire pour soutenir la santé mentale de leurs employés, Mike explique, « les travailleurs ont besoin de se sentir entièrement soutenus, et pas juste une case cochée soutenue par leurs organisations. »
Mike considère le soutien par les pairs comme étant, expliquant : « parce que si nous les pairs ne le faisons pas, on n’écoutera personne d’autre ». Mike pense aussi qu’il est nécessaire d’envisager de trouver du soutien professionnel si vous en avez besoin. Il suggère que se démener pour trouver quelqu’un lorsque vous êtes en situation de crise, ne promet pas une bonne relation thérapeutique. Mike insiste qu’il est primordial de voir une thérapie comme une autre activité de mieux-être. Il fait remarquer que les gens prennent le temps de trouver un chiropraticien ou un massothérapeute qui leur convient. Il affirme qu’on devrait aussi prendre le temps de trouver un psychologue, parce que « en exerçant les fonctions de pompier, il est probable que tôt ou tard vous aurez besoin de soutien professionnel. » Selon Mike, les organisations doivent aussi préparer leurs membres à faire face aux enjeux de santé mentale qui les attend. Il croit que la formation concernant les soutiens offerts en santé mentale devrait être la norme, et se faire régulièrement, dans le cadre de la rotation de formation des membres, comme se fait la formation régulière en conduite sécuritaire durant l’hiver.
Mike est à l’aise avec qui il est comme pompier, et remarque qu’il « n’a rien à prouver ». C’est cet aplomb qui lui a permis de se porter volontaire pour soutenir les autres, et devenir ainsi champion de la santé mentale.
Sgt Sachin Verma
Crime organisé intérieur et transnational — GRC
Sgt Sachin Verma n’a pas planifié devenir champion de la santé mentale, il a plutôt eu l’impression qu’en partageant son expérience personnelle il répondait à un besoin dans son organisation. Sachin a réalisé qu’il lui avait fallu trop de temps avant de gérer ses propres problèmes de santé mentale, et il ne voulait pas que la même chose arrive à d’autres. Alors qu’il a commencé à parler à ses collègues, il a découvert qu’ils étaient inquiets de recevoir un diagnostic et d’être retirés du travail, ou alors ils se considéraient comme des imposteurs en faisant une réclamation pour une blessure de stress opérationnel.
Sgt Verma croit qu’il est essentiel pour les membres visibles, particulièrement les personnes en position de cadres supérieurs, de se manifester en faveur d’aborder les questions de santé mentale. En voyant davantage de gens prêts à partager leurs expériences, les autres seront plus susceptibles de se manifester sachant qu’ils seront acceptés. Pour Sachin, plus les gens s’impliquent pour soutenir la santé mentale, le mieux c’est, et ajoute :
« Nous devons concentrer nos efforts à diminuer la peur que les gens ont de se retrouver sans issue, ou de perdre leur carrière, lorsqu’ils déclarent avoir des problèmes. »
La personne qui a proposé sa candidature, Cpl Amar Gosal, a reconnu le dévouement du Sgt Verma pour créer un endroit sécuritaire où parler de santé mentale :
« La transparence dont fait preuve le Sgt Verma concernant la demande d’aide pour un problème de santé mentale a ouvert la voie et a mis plusieurs personnes plus à l’aise. La GRC encourage la diversité et l’inclusion, et, en tant que personne racialisée, Sgt Verma a été un mentor pour de nombreux collègues de sa communauté, qui faisaient face à des défis et à des obstacles en santé mentale. »
Sgt Verma insiste sur le fait qu’il faut éduquer davantage les membres afin qu’ils apprennent comment accéder aux ressources au sein de leurs organisations. Au cours de ses années comme pair aidant, Sachin a constaté des améliorations à la façon dont la GRC soutient ces membres. Il mentionne aussi que la COVID a été difficile, réduisant l’offre des services en personne, et limitant le nombre de psychologues qui acceptent de nouveaux patients. Il continue de travailler au sein de l’organisation au développement de nouvelles avenues, afin d’améliorer l’accès à de l’aide en santé mentale.
Pour Sgt Verma, aider les autres est sa façon de redonner aux membres de son organisation.
« Je le fais parce que j’aurais aimé que quelqu’un le fasse pour moi, » ajoute-t-il.
Il ne se considère peut-être pas comme tel, mais l’ICRTSP est fier de reconnaître le sergent Verma comme champion de la santé mentale.
Asher Yaqoob
Agent correctionnel — Service correctionnel Canada
Cinq ans après s’être joint au Service correctionnel Canada, Asher Yaqoob a commencé à remarquer l’impact que le milieu carcéral avait sur sa santé mentale. Il a aussi observé la stigmatisation notable liée à la santé mentale parmi ses coéquipiers, qui, selon Asher empêche ses collègues de demander de l’aide.
En 2017, voulant aider à soutenir les autres, Asher s’est joint à l’équipe de GSIC de son établissement.
Asher trouve le travail au sein de l’équipe de GSIC gratifiant. La personne qui a proposé sa candidature, Taylor Austin a noté :
« Asher a été honnête au sujet de ses propres difficultés en santé mentale alors qu’il s’efforce de sensibiliser l’impact réel que les incidents traumatisants et le stress professionnel peuvent avoir sur la santé mentale. »
Asher croit que les compétences pour gérer les enjeux en santé mentale liés au travail en correction devraient être acquises durant la formation des recrus. Les recrus devraient être outillés avec des techniques et des compétences d’adaptation, des habiletés à prendre soin d’elles-mêmes, et avec des soutiens sur place et le soutien de la collectivité. Asher mentionne qu’un des outils qu’il partagerait c’est la technique de la pleine conscience.
Asher ajoute : « Il est essentiel de ralentir et de se concentrer. La pleine conscience peut ouvrir la porte vers des conversations saines concernant la santé mentale. »
Pour amener son travail au sein de l’équipe de GSIC à un niveau supérieur, Asher a poursuivi ses études et a obtenu une maîtrise en psychologie judiciaire, et est psychologue provisoirement agréé. Asher espère qu’une fois qu’il aura répondu à toutes les exigences d’agrément, il sera autorisé à diriger un programme pilote qui offrira, sur place, un psychologue/spécialiste en santé mentale dans son établissement. Selon lui, l’initiative doit commencer par un individu qui a vécu des expériences, et qui comprend le milieu ainsi que ses enjeux. Asher s’inspire du travail accompli par le programme en santé mentale du Service de police de la ville de Calgary, et il souhaite apporter le même niveau de soins à son propre établissement.
Asher sait que le changement doit se faire au sein du milieu carcéral par des personnes qui agissent dans le but d’améliorer la santé mentale. Il croit qu’il faut favoriser un milieu de travail où on peut parler ouvertement de santé mentale et de sécurité, et qui permet aux employés de rentrer à la maison auprès de leurs familles dans un état de santé mentale intouché. À l’ICRTSP nous sommes d’accord et nous sommes fiers de reconnaître Asher comme champion de la santé mentale.